En Italie, le gouvernement a nommé un "M. Prix" (Mister Prezzi) chargé de surveiller les prix alors que le thème s'est invité dans la campagne électorale et que plusieurs parquets ont ouvert des enquêtes pour "hausse frauduleuse des prix et manoeuvres spéculatives sur les marchandises". L'alimentation est la deuxième cause de la reprise de l'inflation dans le pays après l'énergie, avec une hausse de 4% en un an (chiffre de décembre). Le beurre a augmenté de 12,7%, le pain de 12,3% et les pâtes de 8,6%. En septembre, des associations de consommateurs avaient appelé à une "grève de la pasta". Face à l'envolée des prix, les Italiens se serrent la ceinture: en 2007, les ventes de produits alimentaires n'ont augmenté que de 0,1%. En Espagne, l'inflation repart et donne des munitions à la droite dans sa campagne pour les élections du 9 mars. Pour le seul mois de janvier, le prix des haricots verts a progressé de 9,6%, tandis que le merlu a pris 4,01%.
Lors du duel télévisé entre les deux candidats lundi soir, le leader de l'opposition Mariano Rajoy a étrillé le chef au gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero, sur ce sujet. "Rien que l'année passée, le prix du pain a grimpé de 13%, la volaille de 10%, les oeufs de 10%, le lait de 29%, les produits laitiers de 10%, les fruits secs de 8%, les fruits et légumes de 10%", a-t-il énuméré. En Allemagne, la polémique a commencé dès l'été dernier avec l'envolée des prix du beurre (36,6% sur un an), conséquence du renouvellement au 1er août des contrats entre producteurs et distributeurs.
En novembre, l'indice des prix à la consommation a atteint un sommet depuis plus de 13 ans, à 3,1%, avant de s'assagir quelque peu, dans un pays où l'inflation est particulièrement redoutée. Les syndicats allemands ont trouvé dans la flambée des prix une justification supplémentaire à leurs revendications salariales. Les commercants, pour leur part, voient déjà l'effet de l'inflation sur leurs ventes: elles ont baissé de 0,1% en décembre et de 2,2% sur l'ensemble de l'année. En Belgique, selon une étude de la banque centrale, les prix des produits alimentaires ont augmenté plus vite que dans le reste de la zone euro. Cette hausse concerne "en particulier le pain, les huiles, le beurre et le café", souligne l'étude. Mi-décembre, environ 20.000 personnes ont manifesté à Bruxelles pour demander un relèvement du pouvoir d'achat.
Beurre et fromages particulièrement concernés
Le budget 2008 prévoit 250 millions d'euros pour financer des allègements de charges sur les salaires, une hausse des petites retraites et des allocations familiales. Le gouvernement a aussi annoncé un renforcement de la surveillance des prix. Au Royaume-Uni, les prix dans l'alimentation ont progressé de 6,1% en un an, selon les statistiques nationales publiées en janvier, ce qui constitue le niveau le plus élevé atteint depuis juin 2001. La hausse de certains produits a suscité quelques inquiétudes ces dernières semaines, en particulier celle du riz basmati (+60% en un an), qui couplée à un manque de main-d'oeuvre, frappe de plein fouet les restaurants indiens. En Pologne, les prix de l'alimentation ont augmenté en moyenne de 7,9% en 2007. Le pain a augmenté de 20%, les produits laitiers de 15% en moyenne, le beurre et certains fromages de plus 50%.
Les hausses se sont poursuivies en janvier et février. Elles ont été accompagnées d'importantes augmentations des salaires, 15% environ, à la suite notamment de l'émigration de la main-d'oeuvre polonaise dans les autres pays de l'UE. En Grèce, où l'inflation est une des plus fortes de la zone euro, la hausse du coût de la vie est une préoccupation constante, largement relayée par les médias, et pèse sur les négociations salariales dans différents secteurs. Selon l'office national de la statistique (Esye), les principales hausses en 2007 ont été enregistrées sur le pain (+15%), la farine (+21%), le fromage (+13%), le beurre (+26%) et le poulet (+10%).