L'Union européenne confrontée à l'image détériorée des biocarburants

Inquiète, l'industrie mondiale des biocarburants avait programmé jeudi une grande messe à Bruxelles avec un millier de participants, en même temps que la réunion des chefs d'Etat. La Commissaire européenne à l'Agriculture Mariann Fischer Boel a assuré à l'assistance que l'UE ne changerait pas son fusil d'épaule malgré le caractère "controversé" des biocarburants.

Après une rafale d'études scientifiques dubitatives, le recours aux céréales pour produire des carburants est soupçonné pêle-mêle de contribuer à la hausse des prix alimentaires mondiaux, à une déforestation aggravant la pollution, à un bouleversement des écosystèmes, voire au déplacement de populations dans les pays pauvres. La directrice du Programme alimentaire mondial (PAM), Josette Sheeran, appelait ainsi la semaine dernière les eurodéputés à la vigilance, à propos des terres "détournées de la chaîne alimentaire" et pénalisant les plus démunis.

Les carburants d'origine végétale (biodiesel et éthanol) constituent une alternative pour réduire les émissions polluantes et la dépendance des Européens vis-à-vis du pétrole, avancent leurs partisans. "Nous devons diversifier nos sources de carburants", car "les pénuries restent un danger réel", a rappelé Mme Boel, confortée jeudi par des cours du brut caracolant à un niveau record. "N'utilisons pas les biocarburants comme des boucs émissaires expliquant les mouvements de prix des denrées alimentaires", a également prévenu la commissaire, en mettant en avant la forte demande de consommation alimentaire des pays émergents comme la Chine et les mauvaises récoltes liées à la météo en Europe et en Australie.

Dirk Carrez -- un des responsables de l'association européenne de bioindustries EuropaBio (producteurs de graines, d'enzymes, compagnies pétrolières)-- note que les prix des denrées alimentaires brutes n'ont pas explosé, mais que la hausse du pétrole a une incidence sur les coûts de leur transformation et de leur transport. Il craint que le débat actuel ne freine les recherches de pointe sur les biocarburants de deuxième génération, plus verts car fabriqués à partir de déchets agricoles non alimentaires comme la paille. "Nous devons investir rapidement dans l'inovation et passer le plus vite possible à la prochaine génération", insiste-t-il.

Le plan européen d'attaque contre les gaz à effet de serre doit être avalisée "avant la fin 2008", pour peser sur les négociations internationales sur le climat un an plus tard, doivent affirmer d'une même voix les dirigeants réunis à Bruxelles. Les Européens devront consommer davantage d'énergies "renouvelables", pour se chauffer et s'éclairer (éolienne, solaire, géothermique), mais aussi se déplacer (biocarburants). Les pays de l'UE avaient décidé, voici un an, d'obliger les Européens à utiliser 10% de biocarburants dans leur consommation totale de carburants d'ici 2020. "La politique choisie doit tenir compte d'études scientifiques", dit l'eurodéputé vert Claude Turmes, rapporteur parlementaire de ce dossier. "Il faut maintenant définir une méthode et des critères pour orienter les investissements".

Dans son projet, Bruxelles stipule que les biocarburants ne devront pas être fabriqués avec des matières premières émanant de forêts vierges ou de zones naturelles protégées. Les biocarburants trop polluants devront être écartés. Un groupe de travail européen planche sur ces "critères durables" de la Commission, jugés insuffisants par le ONG, et doit remettre sa copie début avril.

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