Or, les arbres, qui absorbent le carbone dans leur phase de croissance, le relarguent dans l'atmosphère lors de la décomposition. Dans cette première étude sur les effets des insectes sur le réchauffement, publiée dans la revue britannique Nature, les chercheurs du service des forêts canadien de Victoria (Colombie Britannique) estiment que d'ici à 2020, leur impact transformerait cette région d'actuel "petit puits de carbone (absorbant le CO2, ndlr) en source importante" de cet élément du fait de la décomposition des arbres morts.
Cette invasion sans précédent de dendroctones du pin pourrait toucher 374.000 km2 de forêts, et produire d'ici à 2020 à elle seule 270 millions de tonnes de carbone, selon les estimations des chercheurs. "C'est exactement le montant des émissions de gaz à effet de serre que le Canada s'est engagé à réduire dans le cadre du protocole de Kyoto d'ici 2012", note dans un commentaire de Brian Hoyle publié dans Nature.
"Un tel pullulement d'insectes représente un mécanisme important par lequel le changement climatique peut miner la capacité des forêts septentrionales à emmagasiner le carbone de l'atmosphère, et de tels impacts devraient être pris en compte dans les modélisations à grande échelle", souligne le principal auteur de l'étude, Werner Kurz. "Il est important de ne pas ignorer des facteurs comme les insectes, car si nous le faisions, nous vivrions dans l'illusion que les puits de carbone sur Terre continueront à fonctionner comme dans le passé", a-t-il conclu.