"Nous n'acceptons pas qu'on détruise la PAC. On doit la changer, l'adapter, la rénover" (...) afin "qu'elle soit plus équitable, plus préventive et plus durable", a-t-il déclaré au cours d'une conférence internationale sur l'avenir de la PAC organisée par le Danemark. Cette déclaration répond à certains pays, à l'instar du Danemark favorable à la suppression progressive des aides agricoles et à leur élimination totale en 2025.
M. Barnier s'est demandé comment "certains disent vouloir garder une politique agricole européenne tout en voulant supprimer toutes les aides". "Si vous supprimez les outils de régulation ou de stabilisation des marchés comme le propose d'une certaine manière la Commission (européenne), et que vous supprimez toutes les aides agricoles, il n'y a plus de politique agricole commune. C'est la renationalisation de fait", a-t-il affirmé. Son homologue danoise, Eva Kjer Hansen (libérale) a affirmé de son côté sa "volonté de soutenir la PAC", mais "en l'aménageant autrement". "A l'avenir, les aides directes devraient bénéficier à la nature et à l'environnement et être utilisées pour l'innovation, le développement et l'éducation, en particulier dans les domaines de l'énergie et le climat", a-t-elle estimé. La Commissaire européenne à l'agriculture, Mariann Fischer Boel, a mis en garde pour sa part contre des solutions draconiennes pour l'avenir de la PAC. "Il y a toujours un avenir pour les aides agricoles, mais la tendance vers leur réduction va se poursuivre", a-t-elle affirmé.
M. Barnier a appelé par ailleurs à "placer l'agriculture en tête de l'agenda du développement international" car "elle est redescendue depuis vingt ans pratiquement au dernier rang de la coopération". Liant les aides agricoles de la PAC à la solidarité avec les pays les plus pauvres, M. Barnier a jugé "essentiel de préserver la Politique agricole commune et d'aider les régions du monde, notamment l'Afrique, à construire leur propre politique agricole commune". "Si vous supprimez les aides en Europe, je crois que ce serait une faute, vous supprimez une grande partie des agriculteurs européens et pour autant vous ne créez pas une capacité agricole dans les pays pauvres" a-t-il poursuivi.
Pour la France, il est essentiel "de garder un soutien qui a des contreparties importantes pour les consommmateurs et les citoyens: une offre alimentaire sécurisée, diversifiée, une traçabilité et des activités agricoles réparties sur tout le pays et qui font vivre les territoires les plus fragiles". Face "au désordre du monde, à la spéculation qui se déroule sur les prix des matières premières alimentaires, à des pays qui sont exportateurs mais qui actuellement ferment leurs exportations pour protéger leurs marchés, la bonne réponse n'est pas le tout libéralisme", a-t-il encore estimé. Il a plaidé en faveur "de la nécessité de règles, pour qu'on garde et qu'on rénove la gouvernance européenne qui est la politique agricole commune et qu'on crée une gouvernance mondiale en aidant davantage les pays les plus pauvres à reconstruire leur économie agricole".