![]() La production de blé européenne pour diminuer de près de 30%(© B.N., Terre-net) |
Si le projet de règlement européen sur la mise en marché des produits phytosanitaires visant à remplacer la directive 91/414 est adopté en deuxième lecture au Parlement, les conséquences pourraient être lourdes pour la production agricole européenne. La directive 91/414 a déjà conduit à l’exclusion de 58% des substances actives réexaminées (18% ont été réinscrites et 24% restent à évaluer). Mais la nouvelle proposition de règlement du Parlement pourrait encore aller plus loin : les hypothèses les plus pessimistes évaluent jusqu’à 85% la perte de substances disponibles (chiffres avancés par le rapport de la Psd, l'agence anglaise en charge de l'évaluation des produits phytosanitaires).
L’institut de recherches économiques italien Nomisma s’est penché sur le sujet au cours d'une étude sur les effets potentiels de la réglementation européenne sur la productivité de l’agriculture. Après l’application du nouveau règlement proposé par le Parlement, la production de l’Union Européenne pourrait chuter à l'horizon 2020 de 50% pour la pomme de terre, de 27% pour le blé et de 22% les céréales. L’impact serait moindre sur le vin avec une baisse de 7%. Conséquence directe : un impact sur les niveaux d’auto-suffisance en matières premières agricoles de l’Union européenne. Les céréales passeraient de 119% d’autonomie actuellement à 85%, le vin de 102 à 90%, les pommes de terre de 105 à 60% et le blé de 104 à 70%.
« Plus de compétitivité sur le marché mondial »
Rendement
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Impact de la directive 91/414 d’ici 2012
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Impact du nouveau règlement d’ici 2020
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Blé
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-29%
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-29%
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Pomme de terre
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-20%
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-33%
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Raisin (vigne)
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-17%
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-10%
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Céréales
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-25%
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-20%
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L’institut Nomisma s’alarme des conséquences pour l’Union européenne qui a déjà vu ses niveaux d’autosuffisance diminuer ces dernières années. « Ça sera une situation très grave : l’Union européenne qui est le 1er pays producteur de matières agricoles deviendra importateur de produits agricoles » souligne Ersilia di Tullio. « C’est important s’avoir une autonomie suffisante pour avoir une garantie de qualité et de sécurité alimentaire. » Et au-delà, ce sont les répercussions sur l’industrie agro-alimentaire européenne qui inquiète Nomisma : « Si nous ne pouvons plus produire de la qualité, nous n’avons plus de compétitivité sur le marché mondial. C'est un enjeu de protection du modèle européen » relève Ersilia di Tullio.
Pour aller plus loin ►Pour plus de renseignements sur Nomisma, cliquez ici ►A lire aussi: Règlementation phytosanitaires - Jean-Charles Bocquet, Uipp : « Une disparition à terme de la quasi-totalité des insecticides » |