"Ce sera au consommateur de choisir", a insisté le porte-parole de la Commission européenne en présentant cette proposition, essentiellement destinée à honorer une promesse faite à Washington en novembre dernier, à temps pour un sommet UE-Etats-Unis prévu le 10 juin en Slovénie
S'il devait arriver dans les rayons européens, le poulet chloré américain serait identifié par des étiquettes: "traité avec des substances antimicrobiennes" ou encore "décontaminé par des produits chimiques". L'identification des plats gastronomiques concoctés pour les restaurants est plus incertaine. Les Américains devraient en outre rincer à l'eau potable les poulets, une fois qu'il auront été désinfectés, et l'efficacité de ce rinçage devrait être vérifiée en permanence.
Il revient désormais aux gouvernements de l'UE de se prononcer formellement sur ce projet de règlement, qui semble toutefois déjà promis aux tiroirs de Bruxelles tant l'opposition est forte. La semaine dernière, vingt-et-un des vingt-sept ministres européens de l'Agriculture se sont en effet prononcés contre le retour des poulets chlorés américains. Les organisations de consommateurs européennes ont également poussé des cris d'horreur. "Nous savons qu'il s'agit d'une question controversée. La Commission a décidé de présenter cette proposition pour que le débat ait lieu. Nous verrons qui est pour et qui est contre", a ajouté le porte-parole Johannes Laitenberger.
La méthode radicale privilégiée par les Américains vise à tuer ou réduire le nombre de bactéries pouvant apparaître dans la volaille, essentiellement les salmonelles et les campylobacters, en les trempant dans une solution antimicrobienne juste avant leur consommation. Les vétérinaires de l'UE privilégient des contrôles d'hygiène tout au long de la chaîne alimentaire.
Avant d'être interdites il y a plus de dix ans, les importations de poulets américains étaient très marginales dans l'UE, qui produit elle-même plus de volailles qu'elle n'en consomme. Si le projet autorise à nouveau dans l'UE quatre substances chimiques utilisées aux Etats-Unis pour désinfecter la surface des poulets (dioxyde de chlore, chlorure de sodium acidifié, phosphate trisodique, acides peroxydés), leur utilisation est assujettie à des conditions draconiennes. Le texte stipule leur concentration maximale ou leur temps de contact avec les carcasses, tandis qu'une seule substance chimique pourra être appliquée (pour limiter les risques éventuels des mélanges).
Leur entrée dans l'UE serait décidée à titre provisoire pendant deux ans, période pendant laquelle de nouveaux avis scientifiques seraient demandés. Il s'agira de voir si elles peuvent entraîner par exemple une tolérance accrue de l'organisme à certaines bactéries ou si elles peuvent présenter des risques environnementaux. Si le texte devait tout de même voir le jour, "encore faudrait-il que les abattoirs américains se mettent aux normes sanitaires de l'UE, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui", a précisé un expert.