- 1. Ces prix vont-ils encore exploser comme en 2007, année où j’ai vendu trop tôt… ?
- 2. Faut-il vendre ou pas, et si oui, est-ce une vente de physique ou une vente sur le terme avant la récolte ?
- 3. Est-il opportun de prendre des options ?
Reprenons ces trois points :
1. Concernant l’évolution des prix, les analyses doivent nous guider même si les prévisions sont assez difficiles (lire les analyses hebdomadaires sur www.terre-net.fr). La tendance fondamentale est quand même à un maintien de cotations élevées car, même avec des prévisions de récoltes très bonnes, les stocks ne peuvent pas remonter d’un coup de baguette magique et la consommation est en hausse régulière. Par contre, si des problèmes climatiques interviennent, il peut de nouveau y avoir hausse des cours. La tendance générale est au maintien de cotations élevées mais aussi à une volatilité des cours. Cela induit une attention toute particulière au suivi des marchés car vendre aujourd’hui ne se fait plus sur le prix de la semaine ni celui de la journée mais nécessite un suivi à l’heure près.
La décision de vendre est soumise au jugement que chacun se fait des prix. Ils sont largement au dessus des prix objectifs évoqués en 2006/2007 qui ressemblent plus maintenant à des prix minimum acceptables. Une fois la vente réalisée, l’important est de ne pas avoir de regret.
La décision est également liée au potentiel de production des parcelles. Il faut éviter impérativement les défauts de livraison constatés en 2007.
2. Après réflexion, vous avez décidé de vendre. Vous demandez des prix. Pour vendre le physique, il y a deux conditions : obtenir des prix et que la base soit bonne. En blé, il est plus facile d’avoir un prix qu’en colza où les O.S. (organismes stockeurs) peuvent être réticents à acheter. Si les deux conditions sont réunies, vous vendez le physique sinon vous allez sur le marché à terme.
- Vous avez vendu le physique, vous pouvez maintenant vous poser la question de prendre une option (cf paragraphe 3 ci dessous)
- Vous utilisez le marché à terme et là vous avez 2 solutions :
a) Soit vous faites une vente sur le marché à terme et vous fixez votre prix final quelle que soit l’évolution des cours à venir soit 170€ dans l’exemple suivant.
Vente sur le marché à terme d’un lot de blé (base 20) et baisse des cours ensuite
Date
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Marché physique
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Marché à terme
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option
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Cotation Nov 2008
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25/05/08
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Vente 1 lot 190
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190
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25/10/08
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Vente 50 t 140
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Achat 1 lot 160
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160
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bilan
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Gain 30
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Prix de vente
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140+30=170
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Date
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Marché physique
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Marché à terme
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option
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Cotation Nov 2008
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25/05/08
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Vente 1 lot 190
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190
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25/10/08
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Vente 50 t 220
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Achat 1 lot 240
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240
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bilan
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Perte 50
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Prix de vente
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220-50=170
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b) soit vous prenez un put car vous voulez profiter d’une hausse éventuelle des cours (Cf article paru à propos du put précédemment), tout en fixant le prix minimum de votre production. On peut alors se poser la question de l’intérêt de prendre des options surtout en blé.
3. Opportunité de prendre une option. Reprenons le cas précédent. Prendre un put en blé sur nov 08 à 190€ coûte de l’ordre de 17€. Si les prix baissent, je me garantis un prix de 190-17-20(base)=153€. Par contre, si les prix montent, je trouverai la rentabilité de mon put à partir de 190+17=207 € (plus 3 frais d’ordre soit 209 €). Par rapport à une vente de couverture sur le marché à terme qui me fixe le prix à 170€, le coût du put me pénalise beaucoup, autant sur le prix minimum garanti (153€) que sur le potentiel à la hausse. Il faut une hausse de 17€ minimum pour en profiter. La prise d’une telle option est un pari sur une forte hausse des cours liée à un accident climatique par exemple. Cette stratégie ne semble pas celle de la sécurisation du prix de vente prônée avec l’utilisation des marchés à terme.
Pour celui qui a vendu le physique fin mai, se pose également la question de prendre une option call pour profiter de la hausse éventuelle. Le coût actuel des call autour de 16€ entraîne exactement les mêmes conclusions. Si la hausse n’est pas au rendez vous, le prix de vente est grevé de 16€. Pour que le call soit intéressant, il faut atteindre une cotation nov 08 de 206€. En conclusion, pour qu’une option soit intéressante, il faut une hausse ou une baisse très importante des cours. D’après les prévisionnistes, une hausse importante n’est pas impossible en cas d’accident climatique de plus en plus fréquent. Une baisse des cours autour de 170€ (nov 08) est envisageable en cas de bonne production générale.
En résumé, prendre un put 190€ à 17€ fixe un prix minimum garanti de 153 €. Il y a de grandes chances de pouvoir retrouver un prix supérieur à cela dans les mois à venir tant sur le marché physique que sur le marché à terme. La meilleure stratégie est donc, sur une partie de sa récolte, de vendre le physique ou de se couvrir par une vente sur le marché à terme. Si les prix grimpent ou que les options baissent, on pourra alors se fixer un prix minimum garanti plus élevé.