Les dirigeants risquent cependant de n'avancer aucune piste concrète nouvelle pour répondre à l'envolée vertigineuse des prix des hydrocarbures, à en juger par le projet de texte qui sera soumis à leur approbation vendredi. La pression de la rue est pourtant forte. Après les pêcheurs et dans la foulée des routiers espagnols, portugais et français, les professionnels belges fondront mercredi sur Bruxelles avec des centaines de camions, taxis et tracteurs à la veille de l'arrivée des chefs d'Etat et de gouvernement européens dans la capitale belge.
Le président français Nicolas Sarkozy avait proposé à ses partenaires de l'Union européenne (UE) de plafonner la TVA sur les carburants. Mais cette proposition avait été écartée début juin par les ministres des Finances de la zone euro, seulement prêts à "lancer une réflexion". Lundi, le dirigeant français a une nouvelle fois poussé ses homologues à faire des propositions au sommet pour faire face "au choc sans précédent" de la hausse des prix pétroliers.
L'inflation dans les pays de la zone euro a atteint un nouveau record historique en mai, à 3,7% sur un an, tirée par la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires. Les prix du fioul ont en particulier grimpé de 47,5% sur un an, et ceux des carburants pour le transport ont augmenté de 15,2%.
"Notre objectif est d'unifier nos positions pour des mesures à moyen et long terme", a expliqué mardi le Premier ministre slovène Janez Jansa, dont le pays préside l'UE jusqu'à fin juin, avant de céder la place à la France. "La hausse des prix du pétrole et de l'alimentation ne peut pas être réduite artificiellement en une nuit", a-t-il prévenu.
"Initiatives fiscales ou gadgets d'encouragement"
Dans le texte préparé pour le sommet, qui peut encore être amendé, "le Conseil européen exprime sa préoccupation quant à la hausse continue des prix du pétrole, ainsi que ses conséquences sociales et économiques". "Des mesures peuvent être considérées pour atténuer l'impact des prix élevés du pétrole pour les couches les plus pauvres de la population, à condition de demeurer ciblées et à court terme", préconise le texte. En revanche, "les interventions fiscales ou fondées sur d'autres politiques entraînant des distorsions devraient être évitées car elles empêchent les ajustements nécessaires de la part des opérateurs économiques", ajoute le texte.
Les dirigeants européens ont préparé un document assez proche sur les remèdes à apporter à la hausse des prix alimentaires: les mesures d'aide aux ménages défavorisés "devraient être ciblées et de court terme". Leur texte ne préconise donc aucune solution concrète, rejoignant la position du patronat européen qui "ne croit pas que l'on peut intervenir pour corriger les prix du marché" énergétique. "On ne combat pas les conditions mondiales d'offre et de demande avec des initiatives fiscales ou des gadgets d'encouragement", a estimé mardi le président de l'organisation patronale BusinessEurope, Ernest-Antoine Seillière. "La réponse se trouve dans l'innovation et les initiatives pour consommer moins de carburants", a-t-il ajouté.
Dans un même ordre d'idées, les 27 vont réaffirmer en fin de semaine le besoin d'adopter "rapidement" leur vaste plan environnemental et énergétique pour réduire les gaz à effet de serre de 20% d'ici 2020. Ils demanderont aussi à Bruxelles de le compléter par une stratégie spécifique sur "l'efficacité énergétique".