L'incidence (nombre de nouveaux cas) de la listériose a diminué notablement de 1987 à 2001, puis s'est stabilisée jusqu'en 2005 autour de 3,5 cas par million d'habitants. Elle a "augmenté brutalement" à 4,6 cas/million d'habitants en 2006 et atteint 5 cas/million en 2007. Cette augmentation concerne particulièrement les sujets âgés de plus de 60 ans (+51%) et les sujets immunodéprimés (aux défenses immunitaires affaiblies). La plupart des régions sont touchées et une augmentation similaire a également été observée dans neuf pays européens.
"Il n'existe pour l'instant aucune explication à cette augmentation", indiquent les chercheurs. Ils ont notamment établi que les patients âgés de plus de 60 ans atteints de listériose n'ont pas consommé davantage de produits "sensibles" tels que fromages au lait cru, produits de charcuterie (pâtés, rillettes, produits en gelée), ou poisson fumé. Les alertes sur des produits non conformes n'ont pas non plus augmenté.
Parmi les différentes hypothèses à explorer, les chercheurs évoquent une modification des habitudes alimentaires ou de conservation des aliments. L'allongement des dates limites de consommation de certains produits "pourrait favoriser le stockage à domicile dans des conditions non optimales de conservation", indiquent-ils. Ils n'excluent pas non plus la distribution de nouveaux produits "qui pourraient être un nouveau vecteur de contamination". Ils citent également la baisse de la teneur en sel des aliments, ou encore la consommation accrue de produits crus (sushi, poissons marinés).
Les chercheurs soulignent que la diminution du nombre de cas observée dans les années 1990, parallèle à la diminution de la distribution de produits fortement contaminés, avait été plus importante chez les personnes jeunes sans terrain à risque et les femmes enceintes. L'augmentation observée depuis 2006 concerne au contraire "les sujets présentant des défenses immunitaires affaiblies par un terrain, un traitement ou un âge élevé", davantage susceptibles d'être contaminés avec une dose faible de la bactérie.