Pascal Lamy cherche à éviter un dérapage des négociations sur la banane

M. Lamy, qui a présenté la semaine dernière un projet d'accord prévoyant une baisse du droit de douane perçu par Bruxelles sur les bananes originaires d'Amérique latine, n'est pas encore parvenu à le faire avaliser par les protagonistes. L'Union européenne et la Colombie ont accepté la proposition du patron de l'OMC, mais les autres exportateurs latino-américains exigent une baisse plus forte du droit de douane. Selon des sources diplomatiques, M. Lamy continue à jouer les bons offices et a reçu mercredi les pays du groupe ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), qui bénéficient historiquement d'un accès libre au marché européen et redoutent une baisse du droit de douane sur les bananes latinos.

Les ACP préparent une contre-proposition, a indiqué l'ambassadeur de Côte d'Ivoire, Guy Alain Emmanuel Gauze. "Nous avons demandé à Pascal Lamy qu'il améliore son offre", a rapporté l'ambassadeur, qui juge un accord encore possible cette semaine "avec de la bonne volonté". Furieux de la proposition de M. Lamy, les ACP ont dans un premier temps menacé de se venger cette semaine sur la réunion ministérielle de Genève qui vise à sauver le cycle de négociations de Doha, lancé en 2001 dans la capitale du Qatar afin de libéraliser le commerce mondial. "S'il est nécessaire de bloquer les négociations de Doha, nous le ferons", a prévenu l'ambassadeur du Surinam à Bruxelles, Gerhard Otmar Hiwat, qui représente les ACP dans le dossier banane.

Après plusieurs décennies de guerre de la banane, qui a vu les Européens condamnés à 11 reprises au GATT puis à l'OMC pour leur régime d'importation, Pascal Lamy a suggéré que Bruxelles abaisse son droit de douane de 176 à 116 euros la tonne. Ce chiffre est encore trop élevé pour la plupart des pays latino-américains, qui exigent 76 euros ou encore 109 euros avec un quota d'importation de 200.000 tonnes, explique l'ambassadeur du Honduras à Genève, Dacio Castillo. Les latinos sont en outre choqués par la "clause de paix" que l'UE veut voir inscrite dans l'accord pour empêcher l'Amérique du Sud d'engager de nouvelles procédures à l'avenir devant l'OMC.

"C'est comme nous demander de signer un chèque en blanc", analyse M. Castillo. L'Amérique latine détient la part du lion du marché européen de la banane, avec 3,5 millions de tonnes vendues l'an dernier, loin devant les ACP (800.000 tonnes) et les producteurs européens (principalement Antilles françaises et Canaries) avec 700.000 tonnes. Pour ces derniers, la proposition de Pascal Lamy "est totalement favorable à l'Amérique latine", selon Eric de Lucy, porte-parole de l'Association des producteurs européens de bananes, qui dénonce le soutien de la multinationale américaine Chiquita aux producteurs d'Amérique latine. Impossible selon lui de descendre sous un droit de douane de 160 euros la tonne.

Le commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, a estimé la semaine dernière que la proposition de M. Lamy était "à prendre ou à laisser". "Si elle n'est pas acceptée, nous ne pourrons pas nous mettre d'accord sur les produits tropicaux et il n'y aura pas d'accord sur le cycle de Doha", a-t-il averti. Pour l'ambassadeur du Costa Rica à l'OMC, Ronald Saborio, cette approche est risquée. "Dire que c'est à prendre ou à laisser signifie que l'on ne négocie pas et ne pas négocier est très dangereux quand on cherche à arriver à un accord. Et les Latino-Américains ne repartiront pas d'ici les mains vides", a-t-il prévenu.

Partager
Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole