«La communication est nécessaire pour promouvoir le bio, mais la formation et l’encadrement sont au moins aussi importants»

Dominique Jacques et Philippe Loeckx ont participé à la session de travail organisée  à l'occasion du lancement de la nouvelle campagne de promotion de l'agriculture biologique de la Commission Européenne (© Terre-net Média)

Terre-net Média : que pensez-vous de cette initiative de la Commission pour la promotion de l’agriculture biologique ?
Philippe Loeckx : « cette campagne de promotion montre l’intérêt que porte la Commission Européenne à l’agriculture biologique, qui va avoir une reconnaissance officielle à l’échelle internationale, en dehors du strict secteur professionnel agricole. Jusqu’à maintenant, le bio s’est développé par lui-même. A l’origine, les agriculteurs étaient souvent perçus comme des farfelus, des marginaux ou des apprentis sorciers. Or, dans les scandales alimentaires et sanitaires de ces dernières années, on peut se demander si les apprentis sorciers ne sont peut être pas ceux qui nous critiquaient parce qu’on refusaient les pratiques intensives. »


Terre-net Média : comment allez-vous utiliser les outils de communication mis à la disposition par la Commission ?
Dominique Jacques : « nous allons mettre des liens de nos sites Internet vers le nouveau site réalisé pour l’occasion, de façon à ce que le grand public accède à toutes les informations centralisées par la Commission. La campagne de promotion a été bien pensée au niveau visuel. Les animaux ou les fruits en blancs sur les affiches ont une signification importante : quand on a affaire à un produit bio, la qualité du produit est plus importante que son aspect extérieur. »

Terre-net Média : estimez-vous que les moyens proposés seront suffisants pour avoir un effet sur la dynamique de la filière ?
Philippe Loeckx : « en termes économique, la contribution de l’Europe n’est que de 300.000 euros par état-membre, ce qui est beaucoup mais en même temps pas grand-chose. Certains états membres, comme le Danemark, ont depuis plus de 10 ans investis des sommes bien plus importantes dans l’agriculture biologique. »

Terre-net Média : Vous paraissait-il judicieux d'investir ces sommes dans la communication ?
Philippe Loeckx : « il est vrai que la communication est nécessaire pour promouvoir le bio, mais la formation et l’encadrement sont au moins aussi importants. Faire la promotion des produits biologiques est une bonne chose, mais si la filière n’est pas assez développée pour satisfaire la demande, le résultat ne sera pas bon car les produits seront importés. La demande est déjà là, je pense qu’il est important de se concentrer sur le renforcement de l’offre, en finançant par exemple les formations à l’agriculture biologiques. Beaucoup d’agriculteurs en conventionnel n’ont pas besoin de grand-chose pour se décider à se lancer dans le bio.»

Terre-net Média : Qu’attendez-vous du nouveau règlement d’application, attendu pour octobre ?
Philippe Loeckx : « nous demandons au nouveau cahier des charges d’être agronomique et cohérent. Il n’y a pas une seule agriculture biologique. C’est très bien d’avoir un cahier des charges commun au niveau européen, même si l’essence même du bio ne sera jamais dans un cahier des charges. Je pense qu’il faut également une réelle harmonisation des règlements en ce qui concerne les contrôles. Nous sommes tout à fait d’accord avec la volonté de la commission de maintenir les logos nationaux. Le monde associatif est souvent en avance sur l’Europe au niveau des règlements. »

André Grevisse : « les personnes de la commission sont plus accessibles. Certains ont accepté mon invitation et sont venus voir ma ferme bio.» (© Terre-net Média)

Terre-net Média : avez-vous pu vous entretenir avec les membre de la Comission Européenne ici présents pour le lancement de la campagne ?
André Grevisse : « en effet, et c’est très intéressant. Un changement se produit, les personnes de la commission sont plus accessibles. Après la conférence de presse de présentation de la campagne, Jean François Hulot* et Elisabeth Mercier*, accompagnés d’autres membres de la Commission et d’agriculteurs bios ont accepté mon invitation et sont venus voir ma ferme bio en marge de la foire de Libramont. C’était important pour nous de pouvoir leur montrer ce que nous faisons dans nos exploitations. Nous n’aurions pas pu faire ça avant. »


* : respectivement Chef de l’unité agriculture biologique à la Commission européenne et directrice de l’Agence Bio.