Produire un tiers de la consommation d’essence d’ici 2022

Marvin Ducan, doecteur en économie (© Terre-net Média)

En projet, la production d’ici 2022 d’environ 36 milliards de gallons d’éthanol à partir de biomasse afin de couvrir un tiers de la consommation d’essence du parc automobile américain (voir aussi).

Un paradigme technologique

Marvin Duncan, docteur en économie de l’Usda (équivalent Inra-économie), a présenté la politique de production de biocarburants, initiée depuis 1995 et renforcée à plusieurs reprises depuis 2002. Le volet agricole, à savoir la production de maïs-éthanol, ne représenterait à cette date que 6% de la biomasse annuelle qui serait convertie en éthanol en 2022. Mais cette culture permettrait à elle seule de produire près de la moitié de la production d'éthanol (voir aussi).

Les progrès agronomiques attendus peuvent permettre d’espérer un doublement des rendements, selon la compagnie Monsanto.

Et selon Marvin Ducan, les réserves foncières et les gains potentiels de productivité sont si importants que la production de maïs éthanol ne se ferait même pas aux dépens de la production agricole alimentaire. En revanche, les régions cotonnières seraient cultivées en maïs.

En fait, le Farm Bill ne couvrirait que le volet agricole du programme américain d’agro-carburants. D’ici 2022, le défi à relever reposerait d’abord sur la production massive de bioéthanol cellulosique de seconde génération à partir de l’exploitation raisonnée de forêts (400 milliards de tonnes), de la transformation de résidus de cultures et de la mise en cultures de terres actuellement en friches (28% - voir schéma joint). Mais surtout, le recyclage par voie enzymatique de l’ensemble de la matière organique disponible (31%) avec des rendements attendus bien plus faibles que pour le maïs éthanol.

La mise au point de processus de transformation des produits cellulosiques (voir calendrier) contribuerait en fait à la naissance d’un nouveau paradigme technologique et industriel qui réorienterait l’ensemble de l’économie américaine (constructions d’usines, réseaux de distribution …). Il mobiliserait le secteur de la recherche et donnerait un nouvel essor à l’industrie américaine.

La production de biocarburants devrait aussi conduire à l'élaboration d’une vaste gamme de produits dérivés à l’image de ce que l’industrie pétrochimique est parvenue à réaliser après la seconde guerre mondiale (textiles, huiles, plastiques….).