![]() Les agro-carburants, une opportunité pour rendre les exploitations autonomes énergétiquement (© Terre-net Média) |
La mise en œuvre du Grenelle de l’environnement adoptée par les chambres d’agriculture lors des assises de fin d’année (17 décembre 2008) s’inscrit dans l’évolution des pratiques agricoles. Selon Michel Griffon (1), l’avenir de l’agriculture est l’agriculture écologiquement intensive, à la fois productive pour nourrir 8 milliards d’hommes en 2030 mais aussi écologique, exploitant au maximum les éléments naturels et le vivant. Et ce, sans tabou. Les pratiques agricoles envisagées visent entre autres à mettre au point des techniques qui limitent le recours aux engrais et aux produits phytosanitaires. En fait, l’agriculture économiquement intensive permettra de produire autrement toute une gamme de produits alimentaires, énergétiques et industriels (fibres, polymères) qui se substitueront à ceux obtenus par voie pétrochimique.
Le recours aux Ogm n'est pas à exclure
Des exemples déjà connus de techniques agricoles écologiquement intensives
C’est en se reposant sur les principes évoqués ci-dessus que l’agriculture écologiquement intensive apporterait des réponses aux problèmes actuels de l’agriculture : épuisement des ressources naturelles, émission de CO2, pollution des nappes phréatiques, dépendance énergétique….. Certaines pratiques sont déjà connues et ne demandent qu’à être développées. D’autres techniques seront le fruit des recherches agronomiques poussées qui associeront les agriculteurs afin de prendre en compte leurs besoins et afin de valoriser leurs expériences de terrain. Autre exemple, la diminution des doses d’engrais chimiques azotés épandus et par conséquent la moindre dépendance énergétique de l’agriculture. Celle-ci repose certes sur des assolements qui donnent une grande place aux protéagineux mais aussi sur des associations culturales (blé – trèfle). Et les engrais encore épandus seront d’autant mieux valorisés que les techniques agricoles employées permettront d’accroître le taux de matière organique : cultures alternatives, enfouissement de résidus de récolte. Quant au désherbage, les voies à privilégier pourront reposer sur des techniques de lutte intégrée (prédateurs, parasites..). Mais les chercheurs espèrent aussi parvenir à sélectionner des végétaux possédant des mécanismes de défenses naturelles déjà acquises par certaines variétés de fruits à l’état sauvage. Bien sûr, opter pour une agriculture écologiquement intensive et déjà répandue vise à rendre les exploitations autonomes énergétiquement grâce à la généralisation des biocarburants. |
Toutes les réponses aux défis à relever ne sont pas encore connues : la conversion de l’azote minéral en azote organique est mal connue. A l’avenir, les recherches visent à rendre aptes des végétaux non protéagineux à convertir l’azote atmosphérique en molécules organiques.
La sélection végétale n’aboutit pas encore à l’obtention de variétés aux rendements photosynthétiques proches de celles du maïs en vue de produire des agro-carburants de troisième génération …. Et pour trouver des solutions, l’agriculture écologiquement intensive n’exclut pas le recours aux Ogm dans le respect de règles éthiques.
Ni bio, ni conventionnelle, ni raisonnée
L’agriculture écologiquement intensive définie par Michel Griffon n’est donc ni bio, ni conventionnelle, ni raisonnée. Elle est un peu tout à la fois. L’agriculture biologique ne permet pas de répondre au défi alimentaire planétaire mais elle constitue, grâce à ses pratiques culturales, un laboratoire d’idées pour trouver par exemple des solutions aux problèmes phytosanitaires et parasitaires rencontrés. Quant à l’agriculture raisonnée, elle n’est qu’un premier pas vers l’agriculture écologiquement intensive.
Tous les agriculteurs, chacun à leur façon, ont déjà adopté des techniques agricoles écologiquement intensives. Michel Griffon les rassemblent dans un concept. Mais la généralisation de ces pratiques écologiquement intensives reposera forcément sur une politique agricole appropriée, avec un grand « P » comme il en existe dans d’autres secteurs d’activité.
Cette nouvelle politique agricole incitative donnera un nouveau sens au métier d’agriculteur. Producteur, il sera aussi rémunéré pour les services agro-environnementaux (écosystèmes, changement climatique), qu’il rendra.