![]() Des risques pour l'environnement sont redoutés, plus que des risques sanitaires. (© Terre-net Média) |
Les écologistes, vent debout contre l'analyse de l'Afssa - José Bové a parlé d'un «coup de force du lobby pro-Ogm», France nature environnement a dénoncé «un avis politique, pas scientifique» - ont salué la réponse gouvernementale, qualifiée de «saine et de bon sens» par Arnaud Apoteker de Greenpeace.
Les semenciers ont pour leur part jugé que le maintien de la suspension allait «à l'encontre de l'expertise scientifique et du libre choix des agriculteurs». C'est au nom du principe de précaution que le gouvernement français avait interdit début 2008 la culture de cette semence transgénique, la seule alors cultivée en France, et déclenché la clause de sauvegarde auprès de l'UE. Cette décision, qui avait provoqué de très vives réactions au sein de la majorité, s'appuyait sur un rapport de la Haute autorité provisoire sur les Ogm relevant «un certain nombre de faits scientifiques nouveaux négatifs impactant notamment la flore et la faune».
Dans son avis, l'Afssa estime que le rapport du professeur Yvon Le Maho, mandaté par la suite par le gouvernement pour étayer le dossier, n'apporte «aucun élément nouveau». Et l'Afssa de rappeler ses conclusions d'avril 2008 selon lesquelles ces maïs transgéniques présentent «le même niveau de sécurité sanitaire» que les variétés de maïs conventionnelles. Sollicité par l'Afp, M. Le Maho a estimé qu'il était à ce jour «impossible de conclure à l'innocuité» du Mon 810 pour la santé et l'environnement. «Les recherches doivent absolument se poursuivre: il s'agit d'une science bien étudiée au plan de la biologie moléculaire, mais il n'existe pas à ce jour son pendant scientifique au plan sanitaire et environnemental», a-t-il fait valoir.
Les associations écologistes se sont de leur côté interrogées sur la date de publication de ce rapport, signé le 23 janvier mais mis en ligne jeudi après la publication d'extraits dans Le Figaro. La Commission européenne a demandé à la France et à trois autres pays --Autriche, Grèce et Hongrie-- de lever leurs clauses de sauvegarde. Selon son président, José Manuel Barroso, une rencontre est prévue lundi à Bruxelles entre la France et les experts en sécurité alimentaire des Etats membres. «Il n'a aucun secret particulier. Il y a un traitement absolument classique», a affirmé à l'Afp Pascale Briand, directrice générale de l'agence. «Il n'y a absolument aucun lien avec le calendrier européen», a-t-elle assuré. Sur le fond, l'avis a également provoqué de vives critiques. «On ne connaît pas les effets à long terme des OGM, on n'en a aucune idée et on ne fait rien pour les connaître» a estimé Pierre-Henri Gouyon, scientifique du Cnrs, tempêtant contre l'attitude de l'Afssa.