![]() Le 22 février dernier, lors du Sima, sur le plateau de Terre-net WebTV, tous les syndicats agricoles étaient représentés. (© CZ Terre-net Média) |
Selon Xavier Beulin (Fnsea), la priorité n'est pas tant le projet Terre 2020, mais les trois sujets suivants à traiter : le premier porte sur les moyens permettant de maintenir et de développer la compétitivité française. « L’inquiétude persiste, car Nicolas Sarkozy n’a pas donné de réponse et cela doit absolument passer la compétitivité des entreprises, donc des capacités d’investissements et de recherche et développement. »
Le second est de « repenser la préférence communautaire : il faut pour cela une règle unique en Europe. Le paquet "pesticide" s’ est une orientation louable, mais il faut, dans un marché unique, des règles uniques. Sinon, ces distorsions de concurrences sont insoutenables et incompréhensibles pour les agriculteurs. »
Enfin, le 3e sujet à développer est celui des relations entre l’Union européenne et les pays du Sud. « J’appelle à une Pac qui intègre une dimensions "sud’" méditerranée et Afrique de l’Ouest : à bien y regarder, dans 20, 25 ans, c’est un potentiel de 800 millions d’habitants qui ont une culture assez commune avec la nôtre. Nous avons tout intérêt à renforcer nos liens avec ces deux bassins géographiques. »
L’heure des choix
Pour Jean Chey, secrétaire général adjoint du Modef, chargé de la communication « trop de normes ne veux pas forcément dire trop de normes insurmontables ». Mais une seule règle du jeu doit prédominer : que le tout concourt à une agriculture écologiquement intensive, avec en tête, un revenu décent pour que les agriculteurs gagnent leur vie. « Est-ce en arrachant que l’on fait une agriculture forte ? La politique française va aujourd’hui à l’encontre de ce que prône la Commission. Il faut se repositionner en termes d’échanges et pas en termes de marché. Donc oui, j’ai une crainte sur le fait de se donner encore plus de loi, sur des normes qui pèsent en plus sur des coûts de production déjà élevés et qui, à terme, risque de faire disparaître les plus faibles. »
L’heure des choix a donc sonné, comme le rappelait Jacques Pasquier. « Si la norme est de diffuser l’agriculture raisonnée par la réglementation, alors je suis d’accord avec mon confrère du Modef : cela ne fera qu’éliminer les plus faibles. Une agriculture écologiquement intensive ne se résume pas à la normalisation administrative. Cela pose la question des systèmes de production, de la recherche (agronomie et de la formation). Qu’est-on réellement capable de mettre derrière ces mots ? Aujourd’hui, nous sommes arrivés au bout d’un système de production trop énergivore en matière première, capitaux, de ressources naturelles… il nous faut le changer. »
« Au niveau mondial, 40% des habitants sont des agriculteurs. Si on les met tous en compétition, il y aura beaucoup de dégâts collatéraux. On ne peut pas avoir une libéralisation totale et des contraintes uniquement pour nous ! » Un avis pas tout à fait partagé par William Villeneuve, président des JA : « Le projet de Terre 2020 est souhaitable car il donne des perspectives et des orientations. Aujourd’hui, il faut défendre cette politique auprès de nos parlementaires, alors même que cette dernière sera définie… à Bruxelles ! Ce n’est pas logique. C’est pourquoi la Pac est la seule politique mutualisée qui vaille car l’augmentation du nombre d’états membres amène aussi de nouveaux consommateurs. »
L’Europe ouvre de nouveaux marchés, mais il ne faut pas que l’arbre cache la forêt. En effet, derrière ces marchés, il y a un nouveau triptyque à satisfaire: l’économie, l’agronomie et l’écologie. « Il y a une agriculture et différents systèmes de production. Le projet Terre 2020 doit s’imprégner de ces trois axes ; mais il ne faut pas non plus se tromper : ce sera l’économie qui gardera des paysans sur le territoire. »