Quand les agriculteurs deviennent dépollueurs !


Patrick Durand,
président de la coopérative devant ses murs
(© Coopérative de Boisseaux)
Terre-Net Média : Comment avez-vous cette idée ?
Patrick Durand :
C'est parti d’une expérience du directeur de la coopérative, Xavier Thirouin. Un jour, avec sa famille, il a ramassé les déchets au bord de la route, puis il a fait des photos. Nous avions été effarés du résultat.

T-NM : Que visiez-vous ?
P.D. :
L’objectif de cette action était double. Tout d’abord au niveau environnemental, il s’agissait de nettoyer les bords de champs, près des routes. Là, où pousse l’alimentation des gens finalement. Le second objectif concernait l’image des agriculteurs. En effet, cette action était destinée à montrer qu’ils n’étaient pas que des pollueurs et qu’ils étaient soucieux de l’environnement , que c'est d'ailleurs  le souci de tous. Nous souhaiterions que l’agriculture ne soit plus considérée comme un bouc émissaire en matière de pollution.

T-NM : Comment avez-vous rassemblé les gens ?
P.D. : La coopérative étant inscrite dans une démarche de développement durable, nous avons eu l’idée de proposer aux agriculteurs de ramasser les ordures sur leurs bords de champs. Nous avons diffusé l’annonce dans la lettre destinée à nos adhérents. Nous avons ainsi profité de 15 jours de creux dans les travaux des champs et réalisé cette action du 20 février au 6 mars. Une cinquantaine d’agriculteurs, avec leur famille, ont répondu à l’appel. Même si au départ nous avions contacté principalement des adhérents, nous avons ensuite fait diffuser l’information aux mairies. Des écoles et des associations locales se sont ainsi jointes à nous. Une campagne d’affichage a aussi été mise en place, ce qui a permis à chacun, bénévolement, de participer à l’opération et d’apporter les déchets récoltés à la coopérative.

T-NM : Avez-vous impliqué des associations environnementales ?
P.D. :
Non, seules des associations locales de loisirs se sont jointes à nous. En revanche, l’association Loire-Nature-Environnement était au courant du projet. Ils n’ont cependant pas pu venir assister à la conférence de presse que nous avons réalisée le 6 mars dernier pour des raisons de calendrier (« c’était les vacances scolaires » a-t-il expliqué).

Un buzz pour relancer la diffusion

T-NM : Comment avez-vous eu l'idée de  lancer un buzz sur Internet autour de votre action ? 
P.D. :
Nous avions réalisé le 6 mars dernier une conférence de presse pour promouvoir l’événement. A cette occasion, nous avions invité les maires, les élus régionaux, ainsi que plusieurs médias. Nous souhaitions donner une portée médiatique à notre initiative. Seulement, la conférence s’est déroulée pendant les vacances scolaires ce qui a largement diminué l’affluence. Nous avions invité une chaîne de télévision régionale qui n’a pas pu venir pour cette raison. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de créer un diaporama résumant nos résultats. Nous l’avons ensuite diffusé par mail, afin de relayer plus largement notre action.

T-NM : Quel était votre plan d’action concernant la diffusion ?
P.D. :
Tout d’abord nous avons envoyé ce diaporama à tous nos adhérents. Puis le directeur de la coopérative et moi-même avons envoyé le mail à tout notre carnet d’adresse. Ce dernier étant tout de même conséquent, le mail a été diffusé rapidement.

T-NM : Pensez-vos renouveler ce type d’action ?
P.D. :
Compte tenu du succès et du retour que nous avons eu, si ce n’est pas nous qui le faisons d’autres vont sûrement réitérer l’expérience. Ce genre d’initiative devrait être relayée au niveau départemental et pourquoi pas au niveau national. Au niveau de notre coopérative, comme nous sommes inscrits dans une démarche de développement durable, nous avons mis en place des minis conférences destinées à informer les néo-ruraux sur notre travail et celui des agriculteurs. Trop de gens viennent habiter à la campagne sans connaître ce qu’est l’agriculture.

T-NM : Comment avez-vous déterminé le périmètre ramassé ?
P.D. :
La zone était sur le territoire de la coopérative. Nous avons demandé aux agriculteurs essentiellement de ramasser au bord de leurs champs. Cette action s’est réalisée uniquement en bénévolat, chacun faisait donc comme il pouvait. Seules les écoles ont eu un circuit défini sécurisé. Etant donné que le ramassage s’effectuait au bord des routes les instituteurs étaient responsables de la sécurité des enfants qui étaient équipés de gilets jaunes.

T-NM : Qu’est-ce qui vous a le plus surpris dans ce que vous avez trouvé ?
P.D. :
Nos avons ramassé 37 bouteilles pleines d’urine ! Nous avons pourtant axé notre action sur les départementales. Ces bouteilles sont jetées par les camionneurs sur le bord des routes. Si on avait ramassé sur 100 km de bords de nationale on aurait 300 à 500 bouteilles d’urine. Autre chose, nous avons également trouvé sur 500 mètres plus de 1.000 paquets de cigarettes de la même marque. Nous avons donc supposé que c’était la même personne qui jetait son paquet là. Les gens jettent dans la nature au lieu d’amener leurs ordures à la déchetterie. Nous avons également trouvé un sac plein de médicaments. Des choses comme celles-là mettent les enfants et les animaux en danger. Les gens jettent tout.

T-NM : Que pensez-vous qu’il faudrait faire pour changer les mentalités ?
P.D. :
Les enfants qui ont participé à cette initiative ont été très marqués. Les institutrices nous ont confié que ceux qui ont ramassé, ne jetteraient plus dans la nature. Je pense donc qu’il faudrait peut-être effectuer des campagnes de sensibilisation comme celle-là dans les écoles.

Consultez également : Buzz autour du ramassage massif d'ordures dans la nature, en cliquant ICI.

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