![]() Une des dernères occasions de poser ensemble avant les élections européennes et le départ du gouvernement de Michel Barnier, à gauche, aux côtés de Jean-Michel Lemétayer. (© Terre-net Média) |
De l’animation, il y en a toujours dans un congrès de la Fnsea. Mais à Poitiers, que de rebondissements en deux jours!
Le bilan de santé de la Pac est dans tous les esprits. En ce premier avril, encore de nombreuses arêtes en travers les gorges des représentants départementaux du syndicat majoritaire! Et une journée de débats francs et directs n’a pas suffi à laver le linge en famille, à panser les blessures.
Empêcher M.Barnier
de faire son discours
Dans la matinée, lors de la demi-heure de débat qui faisait la présentation du rapport moral de 2008, le président Fdsea des Côtes-d’Or n’a pu s’empêcher de rappeler ce que représente le rééquilibrage des aides à partir de 2010 pour les céréaliers de son département (Lire « Etre unis pour préparer une Pac en 2013 avec un budget à la hauteur des ambitions » (J.-M. Lemétayer)). Et dans l’après-midi, des céréaliers d’Ile-de-France, les JA et leurs aînés sont venus de Paris pour empêcher Michel Barnier, ministre de l’Agriculture, de faire son discours.
Peine perdue. Ces trublions d’un nouveau genre ont trouvé portes closes. Et bien qu’il ait été accueilli par une partie des délégués Fdsea sous les sons de cornes à vent dissimulées, le ministre a réussi à mobiliser dans la salle du palais son auditoire pendant plus d’une heure. Il est reparti sous les applaudissements d’un public quasiment conquis. Pendant tout ce temps, les agriculteurs d’Ile-de-France, en costumes pour certains, attendaient Michel barnier à la sortie pour lui réserver encore un retour bruyant.
![]() L'ensemble des participants du congrès Fnsea pris en otage dans le palais par les 120 agriculteurs francilens. (© Terre-net Média) |
« Une telle ambiance ne m’effraie pas, affirme le ministre. Je n’ai pas de problème pour assumer le bilan de santé que j’ai présenté. Ces décisions sont justes et nécessaires. Rendez-vous dans moins de trois ans pour vérifier que ce que je dis est vrai.»
Avant de prendre ces mesures, il a rappelé qu’il a « écouté tout le monde et qu’il a étudié toutes les hypothèses de répartition envisageables (les simulations effectuées ont porté sur la régionalisation des aides ou encore sur leur convergence, ndlr)».
« Instaurer une aide unique aurait fragilisé les territoires et aurait rendu encore plus difficile l’installation massive de jeunes agriculteurs , a précisé le même. Mais ne rien faire aurait été irresponsable et aurait conduit à sacrifier l’avenir par le présent. Il n’était plus possible de conserver les acquis depuis 20 ans ».
Le plan du gouvernement n’est ni savoyard, ni libéral. «Il veut défendre une activité de production sur tout notre territoire. Et en même temps, il devenait important que notre Pac ne diverge pas trop de celle des autres pays alors que le budget de la Pac est voté à l’unanimité.» Faute d’accord dans les prochaines années, « le pire scénario de la Pac est à envisager, sa nationalisation », autrement dit sa mort.
Retouvez en vidéo Michel Barnier en cliquant ICI : « Pour une agriculture accompagnée par une grande politique agricole commune »
Au menu du 1er avril, pas de poisson
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Un projet de politique agricole défendable auprès de Bruxelles pour être finançable
En fait, le discours prononcé par Michel Barnier a surtout cherché à renforcer l’orientation donnée par les dirigeants de la Fnsea à ce congrès. C’est-à-dire retrouver une unité au syndicat majoritaire en préparant ses troupes à l’échéance de 2013, en réfléchissant à un projet de politique agricole défendable auprès de Bruxelles pour être finançable.
Chercher à définir d’abord quelle sera l’enveloppe à consacrer à la Pac sans avoir un projet pour justifier les fonds demandés revient à condamner la seule politique économique mutualisée à l’échelle européenne et à réduire à peau de chagrin l’ambition d’assurer la sécurité alimentaire de l’Europe et de l’ensemble du bassin méditerranéen.
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Une vision commune
Jean-Michel Lemétayer peut d'ores et déjà compter sur une majorité des présidents de Fdsea pour préparer l’avenir de l’agriculture. « La Fnsea ne va pas imploser, n’en déplaise aux journalistes qui le pronostiquaient en début de semaine », a-t-il du reste déclaré.
Ce serait de toute façon mal venu car une politique agricole ambitieuse défendue par la France à Bruxelles nécessite une organisation syndicale structurée et unie autour d’un projet partagé par l’ensemble des membres de la Fnsea. C’est la dernière recommandation de Michel Barnier auprès des délégués du syndicat majoritaire réunis à Poitiers. Et il fait entièrement confiance au maître de la « grande maison », Jean-Michel Lemétayer, avec qui il semble partager une vision commune de l’avenir de l’agriculture pour les dix prochaines années, pour y parvenir.