Le groupe Bermond est une entreprise basée à Saint-Bauzely (Gard) qui dispose de deux usines, l’une à côté de son siège, l’autre à Marseille. « Les céréales sont revenues à des niveaux de prix acceptables, mais ce n’est pas le cas de la matière première protéine, à commencer par le soja », expliquait Marc Bermond, gérant du groupe, à l’attention des producteurs de porcs présents à l’assemblée générale du syndicat porcin 84/83/13. Selon le fabricant d’aliments, tout le potentiel de baisse enregistré sur les céréales a été annulé par l’augmentation du prix de ces tourteaux.
«Sortir de cette dépendance»
![]() Marc Bermond, le gérant du groupe Bermond. (© CZ) |
Sur les 35.000 tonnes produites par an, un tiers se fait à destination de la filière aliment avicole, 15% pour le porc, 15% pour les petits ruminants et 15% pour les bovins viandes.
« Nous fabriquons 60% de notre production, détaillait Marc Bermond. Pour nous, ils sont sortis de toute stratégie d’achat et ne sont plus que des produits spéculatifs au même titre que les produits financiers. Nous avons déjà revu nos formulations pour nous tourner vers des tourteaux de colza, mais il nous faut sortir de cette dépendance vis-à-vis de ces productions chargées en protéines. Or, nous savons produire des graines de soja en Provence. Il nous faut aujourd’hui redévelopper cette filière d’un soja de pays, produit et transformé dans notre région. C’est le message que je porte aux filières élevages, céréalières et auprès des organismes stockeurs. Il n’est plus supportable qu’une matière première sabote tout !»
La préférence française
Les industriels de l’alimentation animale qui traitent la graine entière de soja par divers procédés thermiques et mécaniques (de type extrusion ou toastage + expansion) préfèrent s’approvisionner en France, en raison de la traçabilité, de l’absence de soja Ogm et plus globalement, d’une logistique plus simple. Les graines de soja extrudées sont incorporées à des formulations spécifiques destinées en majorité aux volailles.
« Par contre, le soja présente une membrane toxique pour les monogastriques. On peut faire de la trituration, comme le fait le Groupe coopératif occitan dans le Sud-Ouest, mais il dispose de volumes sont conséquents. Pour une structure comme la mienne, un petit toaster permettrait d’utiliser du soja de pays et ainsi développer une filière sans Ogm, tracée pour asseoir à la fois l’élevage, la production de soja et le tissu de transformation localement » concluait Marc Bermond.
Relancer la culture de soja en France
L’avenir de la filière du soja français sur le territoire national vient d’ailleurs de faire l’objet d’une étude. Avec le soutien de l’Office des grandes cultures (Onigc), un diagnostic interprofessionnel de la filière du soja français a été conduit en 2007 et 2008. L’important travail d’enquête a finalement été synthétisé dans une plaquette de 6 pages disponibles sur le site du Cetiom( http://www.cetiom.fr/fileadmin/cetiom/kiosque/plaquette_soja_onidol_09.pdf). Comme le souligne cette étude, « le soja peut reprendre une vraie place dans les systèmes de culture dont il a parfois été chassé par des effets conjoints de modification de la réglementation de la Pac et d’une perte de rentabilité depuis 2002 ». De plus, la France fournit un gros effort de sélection qui permet de proposer une gamme de variétés adaptées aux différents bassins de production. La très forte volatilité du coût des intrants et du prix des graines, ainsi que le fait que cette culture soit peu gourmande depuis deux ans explique pour partie les intentions de semis de cette culture, en augmentation sur le printemps 2009. En outre, en sec comme en irrigué, le soja est une tête de rotation plébiscitée par les agriculteurs bio. Rappelons qu’en 2008, la France a emblavé 21.800 ha qui ont permis la production de 63.200 tonnes pour un rendement moyen national de 29 q/ha (source Agreste, avril 2009). |