![]() Cultivateur et président de Limagrain, Pierre Pagesse est dans l'aventure Génoplante depuis le départ. (© Terre-net Média) |
Pierre Pagesse (PP) : La première réussite est de faire travailler ensemble des scientifiques d’origines très différentes et issus du public (Inra, Cnrs, Cirad, Ird…) comme du privé (Biogemma, Sofiprotéol, Arvalis-Institut du Végétal, Euralis semences, Ragt, Unigrains, Limagrain…). L’idée était de réunir des moyens et des compétences pour monter un programme d’envergure internationale et rester compétitifs. Les objectifs ? Avoir des capacités d’innovation dans l’amélioration des espèces cultivées et ne pas laisser le monopole de la recherche aux grandes multinationales telles que Monsanto. Trois cent cinquante projets ont été lancés depuis 1999. Nous avons déjà mis au point un certain nombre de méthodes et d’outils car il ne suffit pas de générer des données, il faut aussi les ordonner.
TNM : Quelles sont, à l'inverse, les principales difficultés ?
PP : On se prive d’un outil important : la transgénèse. Les Ogm sont en effet primordiaux pour la recherche. La frilosité européenne et les « précautions tout azimut » sont vraiment un handicap. Pour les expérimentations au champ, nous sommes par exemple obligés de réaliser les tests aux Etats-Unis ou en Israël et ce n’est pas idéal puisque les conditions agronomiques et pédoclimatiques sont différentes donc nous n’obtenons pas forcément les mêmes réponses… En tant que cultivateur, je trouve qu’on se prive de solutions. Et si on était présent sur le marché des Ogm, ça ouvrirait aussi de nouveaux moyens pour développer la recherche. Nous sommes, en plus, en pleine schizophrénie puisque nous en importons de pleins bateaux !
TNM : Et les défis de demain ?
PP : Comme dans le décodage du génome humain, la marge de progression est infinie ! Nous devons donc continuer à fédérer les chercheurs et à faire circuler les informations. Cette transversalité est capitale pour optimiser notre efficacité et notre compétitivité. Mais ça demande beaucoup de coordination et de volonté, notamment politique. D’autant que les évolutions sont constantes donc nous devons en permanence être à l’affut de ce qui se fait de meilleur. Il faut une mobilisation nationale ! C’est grâce à cette recherche que nous devons relever les défis de l’agriculture : réussir à nourrir tout le monde tout en préservant l’environnement. Développer de nouvelles connaissances sur la fonction des gènes et de nouvelles technologies nous aidera par exemple à réduire les intrants, éviter les défrichages et produire de l’énergie verte. Et en tant qu’agriculteur, j’attends des réponses !
Chiffres clés
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Nous publierons d'autres articles sur ce sujet prochainement.