Chantal Parelon, Npa-Besancenot : « Plus qu'une autre Pac, il est urgent de changer de cap »

Chantal Parelon, Npa-Besancenot : « Plus qu'une autre Pac, il est urgent de changer de cap »

Chantal Parelon : « En France, on déplore
200.000 agriculteurs en moins  de 15 ans.»

 (© DR)

Chantal Parelon : Productrice de bovins-viande dans la région Limousin, je suis candidate aux élections européennes, sur la liste « Partout en Europe, pas question de payer leur crise ». Elle est présentée par le Nouveau parti anticapitaliste (Npa) et soutenue par Olivier Besancenot pour la région Massif Central-Centre.

Je trouve dans le Npa un outil politique pour répondre à ma révolte. Sa liste est la seule liste qui fait le lien entre les questions écologiques et les questions sociales. En France, on déplore 200.000 agriculteurs en moins de 15 ans (même tendance en Europe). La moitié d’entre eux vivent de revenus dérisoires.

La cause de tous les maux : la Politique agricole commune au service des agrimanagers et des industriels. Elle a provoqué la dérégulation des marchés et la volatilité des cours, concentré les productions, détruit les sols et a pollué l'eau. La Pac est aussi à l’origine de la dépendance de l’agriculture aux énergies fossiles et elle contribue au réchauffement climatique.

Enfin, elle vole le travail des producteurs et elle met en concurrence les agriculteurs du Nord et du Sud. Tel est le véritable bilan de santé de la Pac.

Terre-net Média: Si vous êtes élue, comment envisagez-vous pouvoir mener de front vos fonctions parlementaires et celles d’agricultrice ?
C.P. : Comme l'indemnité des députés européens est relativement élevée et que notre organisation politique a collectivement décidé que le revenu perçu ne devrait pas être supérieur au revenu d'un ouvrier qualifié, le surplus me permettrait entre autres de faire appel un service de remplacement sans mettre en péril l'organisation de l’exploitation.

T.n.M.: Etre député et agricultrice est-ce à votre avis un atout pour servir l'agriculture?
C.P. : Travaillant sur une structure qui, comme la moitié des agriculteurs, me permet de ne dégager qu'un revenu inférieur au smic, je connais bien les conditions de vie et de travail quotidiennes de la majorité des paysannes et paysans français. Ainsi, j’ai à la fois une approche globale de l'agriculture et je peux bien me rendre compte des conditions de travail et de revenu des agriculteurs.

T.n.M. : Au Parlement, quel sera votre projet ? Quel modèle d’agriculture êtes-vous prête à défendre?

Cet article fait partie d’une série d'articles consacrés aux élections européennes. Pour les consulter cliquer sur Elections européennes 2009 – Le programme des neuf agriculteurs candidats 

C.P. : Une agriculture qui respecte l'être humain et la planète, c'est-à-dire une agriculture biologique ou paysanne. Le projet du nouveau parti anticapitaliste est le suivant: être nombreux à exercer notre métier de paysannes et de paysans, dans une campagne vivante, en produisant une nourriture de qualité et en vivant décemment de notre travail !

T.n.M.: Pensez-vous que la politique agricole doit rester européenne ? Si oui, à quelles conditions? Si non, en mesurez -vous les conséquences (échanges commerciaux,etc.)?
C.P. : Oui, au Npa nous pensons que la politique agricole doit être européenne. Mais d'autres états ou groupes d'états doivent aussi avoir leur politique agricole commune, avec comme objectif, leur souveraineté alimentaire. Et ce, au niveau mondial (à l'inverse des politiques en vigueur depuis ces dernières décennies).

T.n.M.: Quelle devrait-être l’orientation à donner à la Pac après 2013?
C.P. : Plus qu'une autre Pac, il est urgent de changer de cap:

  • En recouplant et en plafonnant les subventions par actif (par travailleur) avec une bonification pour les agricultures respectueuses de l'être humain et de l'environnement. L’objectif recherché, faire la «chasse aux terres», véritable fléau pour l'installation et la répartition du foncier.
  • En maîtrisant la production afin de stopper la concurrence entre les différentes régions du monde pour leur donner ainsi une chance d’acquérir leur souveraineté alimentaire.
  • En prévoyant des mécanismes de reconversion pour les travailleurs dans les industries de l'agrochimie, de l'agroéquipement, de l'agroalimentaire et de la grande distribution.  
  • En soutenant les expériences de relocalisation de la production, de la transformation et de distribution : coopératives, Amap, circuits courts,etc.

T.n.M.: Quelles actions faudrait-il mener auprès des agriculteurs pour qu’ils se sentent mieux entendus et mieux compris par Bruxelles?
C.P. : Tout d'abord en établissant un rapport de force avec les pouvoirs. Mais aussi, en élisant des femmes et des hommes vivant ou essayant de vivre de leur travail. Enfin, les actions à mener auprès des agriculteurs doivent avoir pour finalité d’ouvrir un véritable débat européen sur la question de la souveraineté alimentaire pour répondre aux questions : quoi produire ? Pour qui ? Et comment?

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