François Dufour, Europe écologie : «Les quotas laitiers doivent être reconnus d’utilité publique»

François Dufour, Europe écologie : «Les quotas laitiers doivent être reconnus d’utilité publique»

François Dufour, 56 ans. (© DR)

 François Dufour : Agriculteur de 56 ans, je suis candidat aux élections européennes, sur la liste Europe Ecologie car je considère que la Pac doit répondre à des enjeux de production de biens alimentaires, de réinstallation de nombreux paysans sur l’ensemble du territoire et de protection de l’environnement et de santé.

Terre-net Média : Si vous êtes élu, comment envisagez-vous pouvoir mener de front vos fonctions parlementaires et celles d’agriculteur?
F.D. : J’embaucherai un salarié tout en restant dans l’âme, attaché à passer une part de mon temps sur l’exploitation. Je tiens à mes racines et à être en phase avec la réalité économique et sociale. Je passerai quatre jours par semaine à Bruxelles et trois jours dans la Manche.

T.n.M.:  Etre député et agriculteur, est-ce à votre avis un atout pour servir l'agriculture?                                             
F.D. : Toutes les conditions sont réunies pour mettre à profit au Parlement européen mes expériences professionnelles et institutionnelles. Tout d’abord parce qu’être à la fois député et agriculteur me permettra de prendre part avec pertinence aux débats parlementaires sur les questions agricoles.
D’autre part, mes fonctions syndicales m’ont permis de décrypter les enjeux de l’agriculture au sein de l’organisation mondiale du commerce (Omc). J’ai entre autres participé au mouvement altermondialiste à Seattle ou à Doha. J’ai aussi contribué à la création des forums sociaux mondiaux et à l’association du développement durable à Johannesburg.  

Cet article fait partie d’une série d'articles consacrés aux élections européennes. Pour les consulter cliquer sur Elections européennes 2009 – Le programme des neuf agriculteurs candidats

T.n.M.: Au Parlement européen, quel sera votre projet ? Quel modèle d’agriculture êtes-vous prêt à défendre ?                             
 F.D. : Je souhaite dès l’ouverture de la prochaine session parlementaire redonner un sens à la Pac et ne pas attendre 2013 pour entamer la renégociation.
Ma priorité : inscrire dans le droit « la souveraineté alimentaire » et repenser le développement de l’agriculture pour assurer la sécurité alimentaire. L’objectif recherché, tendre vers une organisation des marchés régulée, en commençant par le cadre européen. On doit se donner le droit de remettre en place des outils de gestion et de régulation. Mais aussi de taxer les produits importés qui mettent en péril le principe de la souveraineté alimentaire. Les émeutes de la faim peuvent se répéter. Je souhaite enfin développer une agriculture qui améliore l’environnement planétaire et qui contribue à lutter contre le réchauffement climatique. Je veux enfin mettre en place un plan de production de protéines végétales pour retrouver à la fois une autonomie financière (mois dépendant des intrants) et préparer la fin du tout pétrole. 
Je ne suis pas favorable aux agrocarburants. En revanche, l’agriculture a toute sa place dans un vrai plan de développement des énergies renouvelables inscrit dans le cadre d’un plan de réduction de la consommation d’énergie.  
Il  faut repenser à une nouvelle orientation des aides avec deux objectifs : inciter au développement de l’emploi et lier les aides aux respects de cahiers des charges en faveur d’une agriculture durable.

T.n.M.: Pensez-vous que la politique agricole doit rester européenne ? Si oui, à quelles conditions? Si non, en mesurez vous les conséquences (échanges commerciaux,etc.)?          
F.D. : Aller vers une renationalisation de la politique agricole ne ferait qu’accentuer une concurrence entre les peuples européens avec le risque de faire naître des conflits. Mais atteindre la souveraineté alimentaire à un prix : si le budget européen doit augmenter, il faut s’en donner les moyens en augmentant les contributions des Etats au budget européen.

T.n.M.: Quelle devrait- être l’orientation à donner à la Pac après 2013?
F.D. : Il faut redonner à la Pac un cadre juridique et un sens politique tels que les gouvernements étaient parvenus à le faire en 1957. Ce cadre juridique sera assis dans la nécessité d’assurer la souveraineté alimentaire des sociétés, seul moyen pour éviter de nouvelles émeutes de la faim. Tendre vers une relocalisation de la production agricole qui reposera sur une organisation territoriale des marchés y contribuera. Atteindre ces objectifs passe aussi par la nécessité de fixer des prix rémunérateurs et de maîtriser les volumes de production. Les quotas laitiers doivent être reconnus d’utilité publique.
Une politique de recherche ambitieuse intensive sera aussi nécessaire pour trouver de nouveaux modes de production durable économes en coûts.

T.n.M.: Quelles actions faudrait-il mener auprès des agriculteurs pour qu’ils se sentent mieux entendus et mieux compris par Bruxelles?
F.D. : Pour commencer, inciter les agriculteurs à voter pour donner un pouvoir au parlement et freiner l’ardeur de la commission, sous pression d’un certains nombre de lobbies. Ensuite, il faut envisager la signature d’un pacte en faveur du développement d’une agriculture paysanne reconnue d’utilité publique et la société. Il y a un décalage énorme entre les difficultés rencontrées par le secteur agricole et l’influence des commissaires inscrits dans la philosophie de la mondialisation.  

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