Dominique Pilet: 42 ans, je suis producteur de lait sur une exploitation familiale de trois associés (un frère et mon épouse) de 120 ha, à Machecoul en Loire-atlantique.
Dominique Pilet reçoit Philippe de Villiers,
président du Mpf, sur son exploitation. (© DR)
Terre-net Média: Si vous êtes élu, comment envisagez-vous pouvoir mener de front vos fonctions parlementaires et celles d’agriculteur ?
D.P.:En cas d'élection, je suis prêt pour assumer mes fonctions et être présent au Parlement européen. Deux commissions me plaisent particulièrement : l'agriculture et l'environnement.
Afin de remplir ma mission, j’ai la possibilité d'avoir à mes côtés des attachés parlementaires qui me nous prépareront administrativement les dossiers.
Sur mon exploitation, mes associés ont toutes les compétences pour assurer mon remplacement. Ils seront aidés par un entrepreneur pour les gros travaux, et par l'association de remplacement ou un salarié pour les tâches plus courantes. Il est vrai que les récents investissements dans un réseau informatique et dans la robotisation de la traite simplifient le travail. Avec un ordinateur portable, j'ai toujours un oeil sur l'exploitation.
T.n.M.: Etre député et agriculteur est-ce à votre avis un atout pour servir l'agriculture?
Cet article fait partie d’une série d'articles consacrés aux élections européennes. Pour les consulter cliquer sur Elections européennes 2009 – Le programme des neuf agriculteurs candidats
D.P.:Nous sommes les mieux placés pour défendre notre métier. A condition de regarder un peu plus loin que son cas personnel, jamais le plus représentatif.
Nous sommes capables d'apporter un peu de vécu et de réalité à des fonctionnaires européens qui oublient souvent les dures réalités des métiers ruraux.
T.n.M.: Au Parlement, quel sera votre projet ? Quel modèle d’agriculture êtes-vous prêt à défendre?
D.P.:Au Parlement européen, j'ai pour projet de défendre la ruralité et ses traditions. L'acteur principal de nos campagnes est bien l'agriculture, c'est pourquoi, je souhaite un vrai modèle agricole européen, dans un marché européen, basé sur trois axes majeurs :
- L'Europe doit demander le retrait de l'agriculture de l'Omc. Elle doit reconnaître le droit aux pays ou groupe de pays d'arriver à l'autosuffisance alimentaire. On ne joue pas à transporter à travers le monde des denrées alimentaires. Nous devons encourager l'Afrique par exemple à développer son agriculture vivrière.
- L'Europe doit protéger et diversifier sa production agricole. Notre marché c'est l'Europe. Au lieu d'être dépendant de l'Amérique pour les protéines végétales produisons en Europe ce qu'il nous faut. Nous pouvons faire du soja, des pois, des fèves,etc. Il est nécessaire de refaire un rééquilibrage des productions, de remplacer la production exportée en dehors de l'Europe par d'autres productions importées. (Protéines végétales, sucre, viande rouge de qualité, viande ovine,etc.).
- L'Europe doit reconnaître le droit à ses agriculteurs de vivre dignement du fruit de leur travail. Nos différentes productions doivent s'équilibrer avec la consommation. Si nécessaire, l'Europe doit mettre en place des outils de gestion et de régulation des productions (quota laitier par exemple). Les agriculteurs doivent être reconnus comme capables de gérer ces différents outils. Des prix dignes ne peuvent qu'encourager à la production de qualité et à la préservation de l'environnement.
Bien évidement, je serai vigilant sur les problèmes liés à Natura 2000 et la notion de perturbation, qui peut enlever le droit d'exploiter à un agriculteur. Comme, je serai vigilant sur les problèmes liés aux Ogm et aux importations à bas prix des produits agricoles, qui nous concurrencent sans avoir les mêmes normes de qualité.
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T.n.M.: Pensez-vous que la politique agricole doit rester européenne ? Si oui, à quelles conditions? Si non, en mesurez -vous les conséquences (échanges commerciaux,etc.)?
D.P.:L'Europe doit se doter d'une politique agricole forte et propre à notre communauté. Pour cela, elle doit défendre son modèle et encourager les différents bassins de productions à travers le monde à être aussi forts chez eux, afin d'arriver à un équilibre des politiques qui favorise l'agriculture et l'autosuffisance alimentaire.
T.n.M.: Quelle devrait-être l’orientation à donner à la Pac après 2013?
D.P.:La Pac ne doit pas attendre 2013 pour se remettre en cause. Je suis élu pour défendre un projet et le voir s'appliquer le plus vite possible pour le bien de nos sociétés. Il n'est plus envisageable de livrer notre agriculture européenne aux mondialistes, prêt à sacrifier un nombre impressionnant de fermiers qui demandent uniquement à vivre de leur travail, et apporter du bien-être à leur famille.
T.n.M.: Quelles actions faudrait-il mener auprès des agriculteurs pour qu’ils se sentent mieux entendus et mieux compris par Bruxelles?
D.P.:Cela relève de la démocratie. La constitution européenne doit redonner le pouvoir aux
députés élus démocratiquement, pour qu'ils deviennent force de propositions. Il faut retirer les
pleins pouvoirs à la dictature des commissaires.
Ensuite, comme dans toute démocratie, nous sommes élus pour apporter des solutions
politiques aux problèmes rencontrés par les professionnels. Nous avons le devoir d'être à l'écoute et
de tenir compte de ce que vivent les gens.