Les marges de manœuvre pour faire face à la baisse des aides

Les marges de manœuvre pour faire face à la baisse des aides
« Pourquoi paniquer ? La baisse des aides n’a rien de dramatique ». C’est en quelque sorte le message d’optimisme que Clotide Rouillon et Philippe Viaux, chercheurs à Arvalis, ont tenu à porter à l’issue de la conférence qu’ils ont tenue les 3 et 4 juin derniers lors des Culturales de Boigneville.

Des économies de charges potentielles encore importantes
selon Arvalis. (© Terre-net Média)

Selon eux, les réserves de productivité des exploitations spécialisées « grandes cultures » sont si importantes qu’elles sont suffisantes pour faire face à la baisse des aides programmées dans le cadre du bilan de santé de Pac.

Leur constat repose sur une étude de groupe réalisée sur auprès d’une douzaine groupe d’agriculteurs du Gatinais. Ils ont comparé leurs résultats avec ceux des cinq systèmes de culture innovants de leur station de Boigneville : Bio, MachII, intégré, raisonné et monoculture de blé (voir description en cliquant ici).

L’étude vise à montrer que la perte de revenu inhérente à la baisse des aides Pac décidées dans le cadre du bilan de santé pouvait tout à fait être compensée par des économies de charges. Autrement dit, il n’est pas nécessaire d’espérer un redressement des cours pour compenser le manque à gagner.

Les marges de manoeuvre

Pour rappel, la baisse des aides Pac est estimée à 90-95 euros pour quatre des cinq systèmes de culture innovants d’Arvalis et à 53 euros pour le système Bio.

Selon les ingénieurs–chercheurs d’Arvalis, les marges de progrès portent sur la mécanisation, les intrants, le temps de travail et l’utilisation du matériel agricole de l’exploitation.

Ainsi, il ressort de l’analyse de groupe qu’ils ont opérée que les charges de mécanisation à l’hectare peuvent varier du simple au triple : 131€/ha pour le système MachII qui maximalise l’emploi du matériel contre 405€/ha pour l’agriculteur du Gatinais, les plus dépensiers en 2008. La moyenne des douze agriculteurs testés est de 364 euros !

Pour savoir si vos charges sont trop élevées, faites le test ! 

1. Calcul de la puissance par ha : diviser la puissance motrice des tracteurs ramenée à l’hectare et comparer le résultat.
2. Calcul du montant des charges en intrants.

Les résultats de ces deux calculs donnent une idée de votre situation et vous invitent à poursuivre votre diagnostic en calculant d’autres critères avec l’aide d’un conseiller de gestion. Travailler en groupe est une méthode efficace pour comparer son cas avec d’autres aussi réels .

La puissance moteur par hectare (cv/ha) de chacune des exploitations étudiées, systèmes de cultures innovants compris, est un bon indicateur de performance. Elle est comprise pour les douze Gatinais entre 0,6 et 3 cv, avec une moyenne de 2,4cv. A Boigneville, la puissance du système MachII est de 0,6cv/ha et celle du système bio, par nature le plus mécanisé, de 1,5cv/ha (voir là encore le fichier joint). C’est parce que le système MachII repose sur une exploitation de plus de 400 ha non labourés que les charges de mécanisation sont les plus faibles. Dans le Gatinais, les charges de mécanisation sont plus élevées que celles des systèmes de culture innovants car les exploitations sont suréquipées à hauteur de 30%.

Importance du choix variétal

Constat du même ordre de grandeur pour les consommations d’intrants. A signaler en particulier des gains potentiels importants en matière de consommation de produits phytosanitaires et de semences. En fait des expériences conduites par les chercheurs d’Arvalis montrent l’importance variétale, et par conséquent de la recherche génétique, pour réduire les frais de traitement. Certaines variétés permettent de réduire de moitié la consommation de produits phytosanitaires. A rendement égal, les charges en intrants varient selon les exploitations du Gatinais prises en référence de 320€ à 440€ par hectare contre 200€ pour le système intégré et 250€ pour le raisonné.

Ces exemples mis bout à bout semblent donc montrer que les réserves de productivité sont donc largement supérieures à la baisse d’aides à suporter en 2010. Et ce, même si les chiffres présentés par Arvalis Institut du végétal revêtent un aspect quelque peu théorique. Mais dans tous les cas de figure, les gains estimés s’ajoutent avec ceux inhérents à attendre d’une amélioration de la conjoncture économique.

(1) Lire à cet effet l’article "Une hausse des cours de 10% suffirait à compenser la baisse des aides directes".

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