Une unité de méthanisation fonctionnant avec de l'ensilage de maïs

| Publié le 19/06/2009, Mis à jour le 14/02/2024

Produire de l'énergie à partir d'ensilage de maïs, c'est ce que Herbert et Joseph Binder ont mis en place depuis décembre 2006 à Forscheim (Allemagne) avec leur unité de méthanisation qui fermente 30.000 tonnes de matière fraîche par an.

Herbert et Joseph Binder (© Terre-net Média)

Herbert et Joseph Binder ont repris la ferme familiale de 18ha en 1992. Aujourd’hui, ils sont à la tête d’une exploitation de 500ha dont la moitié en propre. Ils ont en plus une Eta avec 660 clients dans un rayon de 100km. La particularité de cette exploitation est que la plus grande partie du maïs et des céréales récoltées sur l’exploitation est destinée à l’unité de méthanisation.

En 2004, l’Allemagne a adopté une loi pour les énergies renouvelables avec un bonus de 6 centimes par kWh. Les frères Binder entament alors une réflexion et en décembre 2006, l’unité de méthanisation est mise en marche. L’investissement de départ a été supérieur à 4 millions d’euros, les moteurs de l’unité sont loués pour une durée de six ans et les installations sont amorties sur 12 ans. Le courant est racheté 15,2 centimes par kWh, pour une production moyenne de 1.800kWh sur l'année.

30.000 tonnes de matière fraîche par an pour faire tourner l'unité 8650 heures

Pour produire ces 1.800kWh, ils utilisent 30.000 tonnes de matière ensilée par an, maïs et seigle principalement, à raison de 70% de maïs et 30% de seigle. La récolte se fait sur une surface de 500ha dont 350 produisent deux récoltes par an : seigle puis maïs. Le cycle total de fermentation de l’ensilage dure plus de 100 jours, mais même après cela, environ 10% de l’énergie reste inexploitée. Pourtant, il y a encore quelques années, on pensait que 40 jours de fermentation étaient suffisants. Le gaz produit contient environ 50 à 55% de méthane.

Un des deux fermenteurs (© Terre-net Média)

Le digestat est épandu sur les terres de l’exploitation comme fertilisant, avant les semis. « On ne peut pas vider complètement les fermenteurs, sinon on perd aussi les bactéries, ce qui a pour conséquence que la capacité réelle de stockage du digestat est de 4,5 mois au lieu des 6 mois théoriques. » commente Herbert Binder.

Les prochaines évolutions prévues par les frères Binder sont l’extension des capacités de stockage du digestat, la construction d’un nouveau silo pour l’ensilage et l’installation d’une station d’épuration et de concentration du méthane pour l’injecter ensuite dans le réseau de gaz naturel.

Aujourd’hui, l’unité permet de produire 1.800kWh avec 940m³ de gaz par heure contenant 55% de méthane. Le rendement est d’environ 40%, le reste est perdu sous forme de chaleur. Avec la nouvelle unité, 1.000m³ de gaz par heure seront produits, soit environ 550m³ de méthane purifié, et l'énergie produite fera fonctionner une unité électrogène de 700W (pour les moteurs et le chauffage).

« Avec la nouvelle installation, l’énergie totale produite sera équivalente à presque 6 millions de litres de gazole, soit environ 8 à 10.000 litres équivalents gazole produits par hectare. A titre de comparaison, pour la production de bioéthanol à partir de maïs, l'énergie produite est de environ 1.000 à 1.500 litres équivalent gazole par hectare et sans recycler les éléments nutritifs. » expliquent Herbert et Joseph Binder.