 En baisse ces dernière années, le nombre d'installation a connu une forte progression en 2008 (© Terre-net Média) |
Le nombre d'installations a subi une forte baisse en France ces dernières années mais a fortement progressé en 2008, 6.282 jeunes, selon des chiffres officiels, s'étant établis avec les aides de l'Etat, ce qui représente 5% d'augmentation en trois ans. Et en moyenne, 95% d'entre eux réussissent. "Heureusement qu'il y a encore des jeunes passionnés mais les aides qu'ils touchent par rapport aux charges et aux contraintes, c'est vraiment pas grand chose", constate Bruno Chaput, président de l'Udsea (Union départementale des syndicats d'exploitants agricoles) du Puy-de-Dôme.
Lors de son installation, un jeune agriculteur reçoit, sous certaines conditions, la dotation jeune agriculteur (DJA) financée par l'Etat et l'Union européenne, dont le montant, entre 8.000 et 35.900 euros, varie en fonction de la région concernée (plaine, zone défavorisée, montagne). Il bénéficie aussi de prêts à taux réduits et d'un accompagnement personnalisé. "C'est bien d'accompagner les jeunes, encore faut-il leur donner un avenir. Si on n'a pas de perspectives à leur offrir, ça ne sert à rien", estime Virginie Chalvet, jeune exploitante de 31 ans installée depuis 2005 à Coren (Cantal). Cette mère de famille, à la tête d'un troupeau de 70 vaches laitières et 300 brebis, reconnaît que "c'est très difficile aujourd'hui de joindre les deux bouts" en raison notamment de la baisse du prix du lait. Loin d'elle pourtant l'idée d'arrêter : "on est mordu, c'est notre vie", dit la jeune femme qui a eu le "déclic" lors d'un stage : "je me suis dit que je ne pouvais pas vivre autrement, c'était une évidence", raconte-t-elle.
Un recul des installations à craindre en 2009
Pour Antoine Cuypers, 27 ans, qui a repris en 2008 l'exploitation paternelle à Chaumont-en-Vexin (Oise), "l'essentiel c'est de bien préparer son installation et de connaitre la charge de travail qui nous attend". Avec 1.000 euros mensuels, il devrait toucher en 2010 un salaire "entre zéro et moins 15 euros si la situation perdure". Mais il ne regrette rien : "j'apprécie le fait de savoir que je nourris les gens avec des produits de qualité et puis on a une certaine liberté qu'on essaye de défendre".
Pourtant, dans le contexte actuel, "je pense qu'on aura un recul des installations" en 2009, redoute William Villeneuve, président des Jeunes agriculteurs, syndicat proche de la Fnsea (premier syndicat), qui tenait cette semaine son congrès à Saint-Flour (Cantal). Pas de quoi entamer l'enthousiasme d'Alexis Grelot, salarié agricole de 23 ans en Vendée : "Depuis toujours, j'adore le fait de travailler dehors, et puis c'est un milieu tellement convivial". Titulaire d'un Bts depuis peu, le jeune homme compte bien s'établir dans les mois qui viennent mais les terres sont limitées dans son village de 1.800 habitants, où il voudrait s'associer avec son père lui-même. L'accès au foncier est en effet l'un des principaux obstacles pour les nouveaux agriculteurs.
