Malgré ces promesses, le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agriculteurs (Fnsea), premier syndicat du secteur, s'est refusé à demander explicitement à ses militants la levée des blocages, laissant la décision aux manifestants "sur le terrain". Le mot d'ordre a été lancé jeudi soir pour 48 heures par la Fnsea et les Jeunes Agriculteurs (JA), qui en sont proches. Leur président, William Villeneuve, a quant à lui estimé que "les blocages (allaient) être levés". "Mais s'il n'y a pas d'actes, on sera capable d'y revenir et plus fort", a-t-il averti.
 Selon le ministre de l'agriculture Michel Barnier, s'exprimant ce samedi matin : « Le gouvernement a pris la mesure (du) désarroi » des agriculteurs et a « entendu leurs demandes légitimes sur la transparence, le contrôle des marges et l'évaluation de la Lme » (loi de modernisation de l'économie). (© Terre-net Média) |
Seule une vingtaine de plateformes d'approvisionnement restaient inaccessibles samedi matin, une partie des agriculteurs ayant décidé de lever les blocages avant même la réunion de Bercy. Toutefois en Ille-et-Vilaine, des agriculteurs ont entrepris de bloquer directement les parkings de cinq grandes surfaces.
Au plus fort du mouvement vendredi, 41 plateformes étaient paralysées par quelque 7.000 agriculteurs et certains produits, notamment laitiers, commençaient à manquer dans les rayons, selon la Fédération du Commerce et de la Distribution (Fcd).
Une brigade de contrôle dès la semaine prochaine
"Le gouvernement a pris la mesure (du) désarroi" des agriculteurs et a "entendu leurs demandes légitimes sur la transparence, le contrôle des marges et l'évaluation de la Lme (loi de modernisation de l'économie)", a assuré samedi le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier. "En matière de transparence, on est loin du compte", a-t-il ajouté, en écho aux revendications des agriculteurs qui dénoncent les conditions d'application de cette loi, votée en août 2008 pour notamment redéfinir les relations commerciales entre grandes surfaces et fournisseurs. "Nous allons généraliser les contrôles" sur les prix et marges et "sanctionner quand il le faudra", a-t-il promis.
Une "brigade de contrôle de la Lme" composée d'inspecteurs de la Direction générale de la concurrence et de la consommation (Dgccrf) va être créée à cet effet dès la semaine prochaine, a précisé le secrétaire d'Etat à la Consommation, Luc Chatel. A la demande des syndicats, une nouvelle réunion sur les modalités d'application de la Lme doit par ailleurs rassembler mercredi les agriculteurs, les représentants de la grande distribution et les consommateurs autour de la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
« J'aimerais avoir confiance dans les engagements pris »
Les syndicats d'agriculteurs reprochent à la Lme de donner à la grande distribution "un pouvoir de négociation encore plus grand" qui pèse sur les prix payés aux producteurs. La Fnsea estime également que l'Observatoire des prix et marges, prévu par cette loi et mis en place fin 2008, ne remplit pas son rôle. Cet observatoire "ne fonctionne pas", a reconnu M. Chatel, affirmant que le gouvernement "va changer de braquet" avec une "expertise contradictoire et indépendante pour s'assurer de la validité des données transmises".
"Au regard de ce qui a été pris comme engagements par le gouvernement, nos responsables sur le terrain prendront leurs décisions", a lancé M. Lemétayer au sortir de la réunion à Bercy. "J'aimerais avoir confiance dans les engagements pris. Nous n'avons pas le droit d'être trahis", a-t-il averti, tout en se félicitant que le gouvernement ait "enfin" pris "la mesure de la colère des producteurs".
