![]() L'omniprésence de la Fnsea fait débat (© Terre-net Média) |
La France "est restée dans cet archaïsme où le pouvoir politique a toujours trouvé plus confortable de négocier avec un seul syndicat", a regretté François Lucas, de la Coordination rurale. La CR a obtenu, comme son rival le plus direct, la Confédération paysanne, moins de 20% aux dernières élections professionnelles. Loin derrière la FNSEA, et les Jeunes Agriculteurs (JA), qui ont récolté ensemble 55% des voix. La Confédération paysanne fustige, elle aussi, "ce traitement à deux vitesses des organisations syndicales". La Confédération, comme la CR, étaient opposées au mouvement de contestation contre la grande distribution, lancé par la Fnsea pour canaliser le mécontentement des agriculteurs suscité par l'accord sur les prix du lait signé par ce syndicat et les entreprises. Aux yeux des deux syndicats minoritaires, la Fnsea voulait ainsi détourner l'attention du problème "dramatiquement urgent" du prix du lait.
Une faille dans le syndicalisme agricole
Les distributeurs ont contre-attaqué lundi en fustigeant l'omniprésence de la Fnsea, interlocuteur privilégié du gouvernement. Serge Papin, président du groupement de distribution Système U, a réclamé que tous les syndicats agricoles soient présents à Bercy, menaçant de ne pas y aller dans le cas contraire. Michel-Edouard Leclerc, président de la centrale d'achat du même nom, s'est interrogé sur "l'ambiguïté des relations entre la Fnsea et le gouvernement". "On n'est pas né de la dernière pluie. Les distributeurs ont compris qu'il y avait une faille dans le syndicalisme agricole. Ils s'y engouffrent", a lâché François Lucas. Qualifiant de "cinéma" la réunion de mercredi, M. Leclerc a en outre affirmé que l'administration connaissait "parfaitement les marges de chaque distributeur et de chaque magasin". La marge brute moyenne sur les produits agricoles est comprise entre 27 et 30% et la marge nette entre 1,5% et 1,8%, selon lui.
L'association de consommateurs UFC-Que Choisir s'est, elle, étonnée que la "communication" du gouvernement se fasse uniquement autour des marges de la distribution, sans tenir compte de celles des industriels. Un "Observatoire des prix et des marges" a été mis en place début 2008, après une vive polémique autour de la flambée des prix des produits alimentaires. Mais il ne fonctionne pas, notamment parce que les distributeurs et les industriels refusent de dévoiler leurs marges sur chaque produit, selon les associations de consommateurs et le gouvernement.