Quelles contraintes techniques pour quelle valorisation ?

Quelles contraintes techniques pour quelle valorisation ?

Qu'elles soient utilisées pures ou en mélange, les variétés de blé destinées à la meunerie peuvent faire l’objet de contrats de production. C’est par exemple le cas de la variété Camp-Rémy cultivée à toute petite échelle dans le nord de la France, utilisée en variété pure notamment par les boulangeries Paul, ou en mélange dans les pains « Filière Auchan ». Constitués d’un mélange spécifique de deux variétés, Camp Rémy à 80% et Apache à 20%, ces pains sont aussi fabriqués avec des blés sous contrats. Dans le cadre de ces contrats, la production de ces variétés répond à un cahier des charges technique, et également à la Charte de production Arvalis-Irtac « Céréales de France ».

Des parcelles loin des routes

La Capsom, dans la Somme, est une des coopératives fournisseuses de cette variété Camp Rémy. Elle propose à ses adhérents des contrats pour cette variété : les agriculteurs s’engagent sur un certain nombre d’hectares et à répondre à des contraintes techniques supérieures : traçabilité des pratiques, bonnes pratiques agricoles, utilisation restreinte de produits phytosanitaires, choix des parcelles, ou encore raisonnement des traitements phytosanitaires, tous ces impératifs étant consignés dans un cahier des charges.


Les dates de semis, les précédents culturaux et la nature du sol sont des paramètres qui influencent directement le choix de la variété et la possibilité de contractualiser avec son OS (© Terre-net)

En contrepartie de ces contraintes, du respect du taux de protéines de 11,5% (mesuré à la remorque) et pour compenser la baisse de productivité liée à la variété - de 15% à 20% de moins en comparaison des autres variétés - l’agriculteur perçoit une meilleure rémunération. Le complément de prix versé peut être supérieur, et différentes primes sont versées en fonction des OS* : primes « traçabilité », « semence », « protéines », ou encore « variété », perçues en plus du prix de base blé meunier.

A la Capsom, la rémunération finale est généralement de 20% de plus que celle d’un Bps, soit entre 10€ et 20€/tonne de plus. « Sur la campagne 2008-2009, un "blé tracé Camp Rémy " livré moisson a été valorisé à 192€/tonne, contre 180€ pour un blé de la même variété mais non tracé, et 160€/tonne pour un Bps », précise Jérôme Dufour, responsable qualité au sein de la coopérative agricole. « Ces variétés pures peuvent être également vendues aux meuniers en tant que « correcteurs », pour corriger des farines déjà assemblées », ajoute Philippe Estivalet, responsable des contrats chez Terrena, coopérative dont 70% des blés sont contractualisés.

La proximité du silo et son équipement, des facteurs déterminants

Les variétés pures n’ont pas l’apanage des contrats. Les variétés destinées aux assemblages pour les farines peuvent aussi en faire l’objet. C’est le cas des autres variétés « blés tracés » sous contrats de la Capsom, mais qui ont un cahier des charges commun et moins « sévère » que celui de la variété Camp Rémy : « Nous sélectionnons des producteurs volontaires et en mesure de répondre aux impératifs techniques, puis nous leur proposons un choix de 5 variétés – Camp Rémy, Apache, Alixan, Nirvana, CapHorn, raconte Jérôme Dufour. En fonction de leurs contraintes pédo-climatiques, ils choisissent ensuite telle ou telle variété, conseillés par le technicien ». Les dates de semis, les précédents culturaux et la nature du sol sont les contraintes qui influencent directement le choix de la variété. « Camp Rémy est par exemple une variété qui correspond bien à des terres profondes et qui passe mal en terres séchantes, et qui pénalise au niveau du rendement, explique Eric Bridoux, Chargé des approvisionnements blé à la Capsom. Apache est par contre une variété précoce mais qui passe bien dans tous types de terres. En pratique, l’agriculteur souhaite généralement mixer 5 ou 6 variétés minimum sur son exploitation pour partager les risques ».

Chez Terrena, ce sont entre 15 et 20 variétés pour les contrats qui ont été sélectionnées et proposées aux adhérents. « Nous sélectionnons des variétés peu sensibles à la fusariose, et qui tiennent le coup en termes de poids spécifique, raconte Philippe Estivalet, de cette coopérative. C’est un critère souvent rédhibitoire pour le choix des variétés, et qui a tendance à se dégrader dès la première pluie sur certaines nouvelles variétés ». Mais le choix des contrats proposés aux agriculteurs – variétés pures ou pour le mélange - n’est pas uniquement lié aux problématiques agronomiques et aux caractéristiques de la variété ; il est aussi directement dépendant de la proximité géographique et des installations des silos : certains ne sont tout simplement pas suffisamment équipés pour des assemblages de farines...

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