La France veut autant de régulation dans l'agriculture que dans le secteur financier

La France veut autant de régulation dans l'agriculture que dans le secteur financier

«L'Agriculture est un secteur trop stratégique pour qu'on le laisse aux seules forces du marché», a déclaré à la presse le nouveau ministre français de l'Agriculture, Bruno Le Maire, à l'issue de sa première entrevue à Bruxelles avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

«Nous avons vu avec le secteur financier ce qui se passe lorsqu'on laisse les seules forces du marché agir», a-t-il ajouté, donc «nous devons mettre autant de régulations dans l'agriculture que dans le secteur financier».

M. Le Maire a prévenu que ce serait «le fil rouge» de l'action de la France dans les années qui viennent, surtout en vue des discussions sur l'avenir de la Politique agricole commune (Pac) et de son futur budget.

 


Bruno Le Maire a confirmé une inflexion
de la position française par rapport à son
prédécesseur sur l'avenir des quotas laitiers
en Europe.(© Terre-net Média)

 

Le maintien d'instruments de régulation forts, qu'il n'a pas voulus détailler à ce stade, doit permettre de garantir un «revenu stable et décent» aux agriculteurs, a dit le ministre, en jugeant que la volatilité actuelle n'était pas «viable».

Les revenus ont chuté de 20 %

L'an dernier, les agriculteurs français ont ainsi vu leurs revenus chuter de 20%, selon des données qui viennent d'être publiées. Pour autant, M. Le Maire a confirmé une inflexion de la position française par rapport à son prédécesseur Michel Barnier sur un point important: l'avenir des quotas (plafonds) de production laitiers en Europe.

Le nouveau ministre n'entend plus se battre pour les maintenir coûte que coûte. «Sur les quotas, je suis pragmatique», a-t-il dit, suggérant qu'ils n'étaient pas forcément responsables de la chute actuelle des prix du lait, contrairement à ce qu'affirment de nombreux agriculteurs, et qu'il convenait «de trouver d'autres solutions» pour faire remonter les tarifs.

L'UE a commencé à relever ces quotas, mis en place à l'origine en 1984 pour lutter contre la surproduction, avant une suppression prévue en 2015. M. Barnier insistait jusqu'ici pour qu'on se garde la possibilité de les conserver afin de pouvoir si nécessaire maîtriser la production pour faire remonter les prix.

La demande insuffisante

Certains agriculteurs jugent eux que la hausse en cours des plafonds de production est responsable de l'effondrement actuel des prix laitiers. Argument rejeté par la commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, qui fait valoir que les quotas ne sont même pas atteints aujourd'hui dans l'UE.

Pour elle, cela signifie que le problème vient d'une demande insuffisante induite par la crise économique notamment. M. Le Maire a repris partiellement à son compte l'argument de la Commission en reconnaissant que sur un quota annuel alloué à la France de 25 milliards de litres de lait en 2009, le pays n'en utiliserait que 23 milliards.

De ce fait «les quotas ne seront pas remplis, et donc les quotas ne sont pas une solution à la crise», a dit le ministre. Il a par ailleurs indiqué avoir confirmé à M. Barroso «le soutien sans ambiguïté» du président français Nicolas Sarkozy à une reconduction du Portugais à la tête de la Commission européenne. Une mise au point intervenant alors que le Parlement européen, qui doit se prononcer sur la question, veut retarder sa réponse à l'automne, suscitant l'incertitude sur le sort de M. Barroso.

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