« Le blé bio est plus rentable »

« Le blé bio est plus rentable »

Les Vandame vont bientôt augmenter leur
surface de blé tendre non traité. (© Terre-net Média)
Céréalier depuis une douzaine d’années dans l’Essonne, Emmanuel Vandame n’avait, au départ, aucune sensibilité pour le bio. Il a pourtant changé d’avis. « Nous nous sommes lancés il y a six ans avec l’Amap les Jardins de Ceres pour répondre à une demande des consommateurs. Nous cultivons depuis 3 hectares sans pesticides de blé, petit épeautre, maïs, pommes de terre et lentilles pour la vente directe. »

Jusque-là, cette production ne représentait qu’une petite partie de son activité puisqu’il cultive en tout 240 hectares, mais il envisage d’augmenter significativement cette proportion. Son objectif à court terme ? Convertir 20 hectares et décrocher le label « bio ». « Non seulement c’est plus rentable, car les marges brutes sont multipliées par 5 ou 10 comparé aux cultures conventionnelles, mais c’est aussi beaucoup plus intéressant. Le "bio" oblige en effet à être beaucoup plus au contact de ses terres puisqu’il faut sans cesse les observer et s’adapter », souligne ce céréalier qui travaille avec sa femme, Cristiana.

Quatre tonnes de farine

« On peut tout à fait cultiver sans pesticides. Notamment les céréales, poursuit-il. Le blé bio est notamment facile à faire s’il s’intègre dans une bonne rotation avec de la luzerne par exemple pour garder la terre propre. Et même si le rendement est moins important (6 t/ha en moyenne contre 9 t/ha en conventionnel), on s’y retrouve car on dépense beaucoup moins et on le vend mieux. »

Son hectare de blé non traité est, pour l’instant, totalement transformé en farine. Le couple a d’ailleurs investi dans un moulin pour s’occuper lui-même de la transformation. « On produit environ 4 tonnes de farine qu’on vend à peu près 1,5 € le kilo donc le chiffre d’affaires est d’environ 6.000 € alors qu’on gagnerait 1.800 € en vendant les 6 tonnes de blé bio (à environ 300 €/t), et seulement 1.200 € pour les 9 tonnes de blé conventionnel (à 132 €/t), illustre Emmanuel Vandame. Evidemment il y a beaucoup de travail derrière mais ça reste très intéressant financièrement comme "agronomiquement". L’autre avantage des Amap, c’est aussi que nous sommes payés en avance. Et puis c’est agréable d’être en relation directe avec les clients qui viennent voir où et comment on travaille. Une vraie notion de confiance s’établit. »

Et bientôt du pain  


Emmanuel et Cristiana Vandame projettent aussi
de fabriquer du pain. (© Terre-net Média)
Pour optimiser l’homogénéité de son produit, Emmanuel Vandame mélange deux variétés de blé tendre : Renan et Saturnus. « La première a une couverture végétale importante donc elle étouffe les mauvaises herbes. La seconde a une qualité protéique plus importante donc un bon potentiel pour obtenir des pâtes plus faciles à travailler. »

Piqué par le virus « bio », il projette même désormais de monter un atelier de fabrication de pain avec, si possible, à la clé l’embauche d’un boulanger : « L’idée serait de travailler avec les cantines scolaires du secteur car d’ici 2012 toutes les collectivités seront obligés d’introduire des produits bio dans leurs menus. Nous travaillons activement sur ce projet avec les Jardins de Ceres. »

Petite histoire des Amap...

Les toutes premières Amap ont vu le jour au Japon dans les années 60’ sous le nom de « Teikei », qui signifie « mettre le visage du paysan sur les aliments ». Inquiètes face à l’intensification de l’agriculture, des mères de familles s’étaient regroupés pour passer un contrat avec un agriculteur. Elles lui garantissaient d’acheter toute sa production à l’avance, en échange de son engagement à cultiver sans produits chimiques.
Des expériences communautaires du même type sont nés à la même époque en Allemagne, Suisse et Autriche. En 1985, le concept, appelé Csa (community supported agriculture) débarque ensuite aux Etats-Unis puis s’étend au Canada et en Grande-Bretagne.
Et la première Amap française (association pour le maintien de l’agriculture paysanne) est créée en 2001 par les Vuillon, des agriculteurs basés près de Toulon.

... Et quelques chiffres

Actuellement, on compte déjà environ 1.000* Amap dans l'Hexagone, avec une moyenne de 60 consommateurs par association, et près de 500 paysans et producteurs impliqués.  Rien qu’en région parisienne, on compte 65 Amap, soit près de 4.000 consommateurs et 35 paysans, et une dizaine de groupes en recherche de producteurs,
*Estimations 2009

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