L’Union européenne n’a pas à rougir. Très nombreux sont les pays qui soutiennent d’une façon ou d’une autre leur agriculture et leurs paysans.
Selon l’édition 2009 de Politiques agricoles des pays de l’Ocde, suivi et évaluation, le soutien accordé aux producteurs de la zone de l’Ocde (1) est estimé à 182 milliards d’euros, soit 21 % de l'ensemble du chiffre d’affaires de leurs exploitations. Ce niveau de soutien est le plus bas qui ait été observé depuis le milieu des années 80. Deux ans plus tôt, le niveau de soutien était de 26 %.
![]() Même pour les pays les plus riches, l'agriculture reste un secteur régalien qu'il faut soutenir.(© Ocde) |
Ainsi, les pays membres de l’Ocde consacrent 0,9 % de leur produit intérieur brut à leur agriculture. Un taux à comparer aux 2,5 % sur 1986-88. La réduction de la charge que fait peser le soutien de l’agriculture sur l’économie est commune à tous les pays de l’Ocde et correspond essentiellement à la diminution de la part de l’agriculture dans leur Pib.
Pour 2008, la baisse du soutien enregistrée en 2008, comme l’année précédente, est due en grande partie au niveau exceptionnellement élevé des prix mondiaux des produits agricoles, plutôt qu’à des décisions explicites de réforme agricole des autorités publiques.
Parallèlement à la baisse du niveau de soutien public à l’agriculture, on observe dans tous les pays de l’Ocde une évolution des modalités d’octroi. Celui-ci est de moins en moins souvent fourni au titre de la production de produits de base ou de l'utilisation d'intrants variables.
Un écart de prix de 16 %
La réduction de l’écart entre les prix intérieurs et les prix à la frontière – ramené de 50 % en 1986-88 (en moyenne pour la zone de l’Ocde) à 16 % en 2006-08 – témoigne clairement de la baisse du soutien lié à la production, bien que le niveau élevé des cours mondiaux ait aussi joué un rôle important ces dernières années. |
Certains programmes récents vont encore plus loin dans le découplage du soutien et de la production. Les paiements aux agriculteurs peuvent dans certains cas être versés à un groupe de produits ou à tous les produits.
Par ailleurs, le soutien est de plus en plus conditionné par l’application de certaines méthodes de production répondant à des objectifs plus larges, comme la protection de l’environnement, le bien-être animal ou la sécurité des aliments. Les paiements associés à de telles conditions, qui représentaient 4 % des aides reçues par les agriculteurs de la zone de l’Ocde en 1986-88, sont passés à 32 % en 2006-08. Ce sont l’Union européenne, les États-Unis et la Suisse qui fournissent les pourcentages les plus élevés (près de 50 %) du soutien total aux producteurs, assorti sous une forme ou sous une autre de contraintes sur les intrants.
Et la crise financière?Dans la plupart des pays de l’Ocde, l’agriculture devrait mieux s’en sortir que d’autres secteurs, en raison de son exposition relativement plus faible aux risques financiers, d’une demande moins sensible aux baisses de revenu, des mesures de soutien en place et, dans certains cas, des recettes accumulées au moment où les prix étaient élevés. Toutefois, les suppressions de postes dans les secteurs non agricoles auront probablement des effets sensibles sur l’économie rurale, en entraînant une diminution des emplois non agricoles et des possibilités de revenus s’offrant aux ménages agricoles et aux autres ménages ruraux. |