« Garanties sanitaires et qualitatives » contre « typicité et biodiversité »

« Garanties sanitaires et qualitatives » contre « typicité et biodiversité »


Les agriculteurs qui font des mélanges variétaux
multuplient eux-mêmes leurs semences. (© Terre-net Média)
« Quand on fait un comparatif économique, il est en général un peu brut car il y a plein de coûts induits difficilement quantifiables quand on fait les semences soi-même comme le temps, le stockage, la sacherie ou encore l’amortissement du matériel, relève le Gnis (groupement national interprofessionnel des semences et plants). Nous voulons attirer l’attention sur ces éléments qui sont loin d’être négligeables. »


Cliquez sur l'image pour l'agrandir (© Gnis)
D’après les calculs du Gnis, réalisés avec des associations de gestion et de compatibilité, le produit net des charges de semences est « à peu près équivalent » puisqu’il est de 1.210 €/ha pour les semences certifiées, de 1.213 €/ha pour celles triées à façon et de 1.221 €/ha pour les semences fermières (voir tableau ci-contre). Le Gnis souligne en revanche que les semences non certifiées « sont moins sûres d’un point de vue sanitaire et qualitatif ».

La plus-value des semences certifiées

Son tableau des « éléments non chiffrés » met, en effet, tous les signaux au vert pour les semences certifiées : pureté variétale, pureté espèce, dosage de traitement adéquat, qualité sanitaire, gain de temps, confort, sécurité pour la santé, plus value contractuelle, assurance... Il n’y que sur « l’impact sur la trésorerie » que les semences fermières sont mieux classées que les semences certifiées (voir tableau ci-dessous).


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« Beaucoup d’entreprises de collecte et de transformation développement des contrats de qualité tracés qui imposent l’utilisation de semences certifiées mais qui permettent d’assurer le débouché et une plus-value de 2 à 4 €/t en blé tendre et de 8 € /t pour l’orge brassicole, détaille le Gnis. En plus de garantir des variétés pures à 99,7 %, les stations de semences disposent, en plus, d’un outil permettant d’appliquer en toute sécurité la bonne dose de produit alors que le traitement génère un risque lors de la manipulation des produits phytosanitaires. »

« L'impact environmemental est facturé aux générations futures »

Le réseau des semences paysannes ne partage évidemment pas ces conclusions. « Déjà, nous traitons uniquement quand c’est nécessaire nous, souligne Guy Kastler, délégué général du réseau. Moins de la moitié des semences de ferme sont traitées alors que les semences certifiées sont traitées d’emblée, même quand ce n’est pas utile, donc ça s’assimile à de la vente forcée. Le coût de ce traitement systématique est, en plus, compris dans le prix des semences. »

Guy Kastler rappelle aussi que ce dernier n’inclue en revanche pas les coûts sanitaires et environnementaux : « L’impact environnemental est facturé aux contribuables et aux générations futures. Nous traitons moins et, en plus, nous utilisons des produits moins coûteux et moins toxiques tels que le sulfate de cuivre, le vinaigre ou encore même l’eau chaude qui n’ont, par exemple, pas de conséquences néfastes pour les abeilles. »

Un « monopole législatif »

Autre point de désaccord : l’argument « pureté variétale ». De plus en plus d’agriculteurs utilisent en effet les mélanges variétaux qu’ils mettent au point eux-mêmes afin de réduire les intrants et de protéger la biodiversité, mais aussi pour avoir une meilleure adaptation aux conditions locales et garantie de rendement. « On n’aura pas le rendement maximum mais on s’assure une production minimum quelles que soient les conditions, complète Guy Kastler. Dans le cadre des appellations d’origine contrôlées et du retour au terroir, il y a une augmentation des semences produites localement. On gagne vraiment en typicité, contrairement à la démarche industrielle qui demande des produits de plus en plus standardisés. Nous sommes en fait dans deux logiques agricoles différentes et il y a de la place pour tout le monde. Mais nous dénonçons le monopole législatif qu’il y a actuellement sur le marché des semences puisque nos méthodes de traitement ne sont pas reconnues et que nous n’avons pas le droit de vendre ni de céder nos semences. »

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