Et fait trembler la filière du maïs

Et fait trembler la filière du maïs

en Alsace, soupire François Tischmacher, président de l'association des producteurs de céréales et d'oléagineux (APCO). Depuis le début de l'été, 124 individus, disséminés dans neuf foyers (dont sept dans le Haut-Rhin), ont été capturés. Loin, très loin des 14 prises de 2008 qui constituaient pourtant le record régional depuis 2003, année où l'insecte avait été détecté dans la région, un an après son apparition dans l'Hexagone.

 

Autre élément alarmant: plusieurs spécimens « ont été capturés cette année loin des zones » où l'on avait pourtant l'habitude de retrouver la chrysomèle (aéroport, axes routiers), note Jean-Paul Bastian, président de la Chambre régionale d'agriculture et chargé du dossier chrysomèle à la FNSEA. En 2009, la chrysomèle, petit coléoptère originaire des Etats-Unis où ses dégâts sont estimés à un milliard de dollars par an, a également été repéré en Slovaquie, Italie, Autriche et dans le Land allemand du Bade-Wurtenberg, voisin de l'Alsace ainsi qu'en Rhône-Alpes et, à un degré moindre, en Bourgogne, indique M. Tischmacher.

Des chiffres « jamais atteints » qui pourraient en partie s'expliquer par « les conditions climatiques » actuelles en Europe où « l'on observe beaucoup plus d'insectes » cette année, estime Sophie Winninger, de la Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF).

Autant de données qui inquiètent les agriculteurs alsaciens qui, déjà, redoutent l'impact sur leurs récoltes: pour lutter contre cet insecte dont les larves grignotent les racines du maïs, la culture de cette céréale est interdite pendant deux ans dans un rayon de 1 km autour des lieux de capture, entraînant la disparition de 15.000 hectares en 2010-2011 dans la région, soit 10% des surfaces dédiées au maïs, affirme M. Bastian. Selon ses estimations, les 4.000 maïsiculteurs concernés perdront « en moyenne 300 euros par hectare s'ils cultivent autre chose ».

Sans compter les entreprises de transformation dépendantes de la filière. Prenant le contre-pied de ce discours alarmiste, les écologistes estiment que cette « crise » peut être l'occasion de repenser un modèle productiviste à leurs yeux obsolète. « Il faut réorganiser les filières et l'écoulement des produits », explique Michel Breuzard, président d'Alsace Nature Haut-Rhin qui plaide pour « la rotation et la diversification des cultures ».

Reste que cette année, les agriculteurs disposeront de la caisse de solidarité nationale qui devrait en partie éponger leurs pertes. Mais en cas de présence massive et durable de la chrysomèle, ils redoutent que les mesures d'aide ne suffisent plus. « Nous avons atteint les limites de ce système », poursuit François Tischmacher. « Si on est envahi, ça va coûter des sommes colossales (...) Le système risque d'exploser avec ce qu'on a vécu » cet été, redoute-t-il, plaidant pour une « évolution réglementaire ».

« Il faut réfléchir à de nouveaux plans », renchérit Jean-Paul Bastian qui égrène ses propositions: traitements larvicides par enrobage de semences, renforcement des pièges dans les zones à risque ou encore rotation des cultures étalées dans le temps...


La chrysomèle fait trembler les maïsiculteurs
(© Terre-net Média)
 « Il y a tous les signes avant-coureurs de l'invasion. Je pense que cette fois, l'insecte est bien installé »
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