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Benoît Carré : Mon grand-père, Camille, était fils d’agriculteurs et c’est en constatant la pénibilité du travail aux champs qu’il a commencé à bricolé des outils pour son père et pour les voisins.
En 1938, il a créé sa propre forge mais il a ensuite été mobilisé pour la guerre et fait prisonnier. C’est à son retour, en 1945, qu’il a acheté une maison au lieu-dit Les Fours pour la transformer en atelier.
Il fabriquait des repiqueuses à choux, des récolteuses de pommes de terre...
C’était un inventeur qui faisait du « sur-mesure ». Mais l’entreprise a vraiment pris son essor avec mon père, Antoine, à partir de 1979, car il avait une vision plus industrielle et commerciale.
TNM : Perpétuer la tradition était une évidence pour vous ?
BC : Pas d’emblée. Même si j’ai toujours gravité autour de l’entreprise puisque mes deux parents y travaillaient et que je les aidais pendant les vacances, j’ai d’abord eu envie de vivre ma propre expérience en passant un Bts Productique et en commençant ma carrière dans diverses entreprises.
Je suis revenu en 2003 quand mon père a investi dans une machine de découpe laser car il avait besoin d’un chef d’atelier. Je me suis ensuite occupé de la certification Iso 9001, que nous avons obtenue en 2006, avant de devenir responsable de production.
C’est en 2007 que je lui ai succédé à la tête de l’entreprise. Quand il a évoqué la retraite et qu’on a commencé à avoir des repreneurs, j’ai eu un déclic. Et la diversité du métier m’a conquis.
 Près de six cents invités ont visité les nouveaux locaux mi-juillet. (© DR) |
BC : Un de nos grands enjeux est le développement de l’export car il ne représente aujourd’hui que 10 % de notre activité. Nous avons une carte à jouer. Nous nous diversifions aussi un peu puisque même si notre cœur de métier reste la préparation et le travail du sol, nous avons lancé une gamme de semis pour élargir notre offre.
TNM : Etes-vous touchés par la crise ?
BC : Pour l’instant, nous sommes vigilants mais pas inquiets. La sous-traitance de mécano-soudure pour de grosses firmes telles que Toyota ou Manitou, qui représentait un tiers de notre activité, s’est effondrée, mais nos ventes de machines agricoles ont augmenté de 30 %.
Notre chiffre d’affaires a, en effet, doublé depuis 2004. Les préoccupations environnementales de plus en plus fortes, le « retour à la terre » et le développement du bio sont porteurs pour les machines de travail du sol.
Les mérites environnementaux mais aussi économiques et agronomiques du binage sont en effet, par exemple, de nouveau vantés et comme nous sommes le leader en termes d’offre, c’est positif. Le risque c’est que de gros constructeurs se lancent aussi sur ce segment où nous sommes jusque-là peu nombreux. Nous essayons donc de faire constamment évoluer nos machines.
TNM : D’où l’investissement de 2 millions € pour agrandir l’entreprise ?
BC : Oui. Cette extension, qui comprend un atelier de production de 2.500 m² et un hall de gestion des déchets de 1.100 m², a pour objectif d’augmenter notre capacité de production, d’améliorer les conditions de travail et de se mettre en conformité avec la norme environnementale Iso 14001 dont nous avons obtenu la certification depuis l’an passé. C’est important d’investir pour rester compétitif et toujours innovant. Qui n’avance pas recule comme on dit !
 Une des premières planteuses commercialisées par l'entreprise. (© DR) |
