Selon les dernières projections de la Fao (Nations Unies- Food and agriculture organization) publiées la semaine dernière, la production agricole devra progresser de 70 % d'ici à 2050 pour nourrir les 2,3 milliards d'individus qui viendront gonfler les rangs de la population mondiale estimée à 9,1 milliards d’habitants. Et toujours selon l’organisation des nations unies, 80 % de ces habitants de la planète seront des citadins.
![]() Mettre au point de nouvelles espèces variétales pour accroître les rendements s'impose (© Terre-net Média) |
Pour sa part, la demande alimentaire va continuer à s'accroître du fait à la fois de la croissance démographique et de l'augmentation des revenus. La demande de céréales (pour l'alimentation humaine et animale) doit atteindre quelques trois milliards de tonnes en 2050.
« La Fao fait preuve d'un optimisme prudent en ce qui a trait au potentiel du monde à se nourrir d'ici à 2050, » indique M. Hafez Ghanem, Sous-Directeur général responsable du Département économique et social de la Fao. Toutefois, nourrir tout un chacun d'ici là n'est pas "automatique" à moins de relever plusieurs défis de taille.
Un nouveau Sommet mondial sur la sécurité alimentaireLe nouveau document de synthèse publié par la Fao fait partie d'une série de rapports préparés pour servir de référence aux réunions-débats d’un forum d'experts de haut niveau qui se déroulera au siège de la FAO les 12 -13 octobre 2009. Ce Forum, intitulé « Comment nourrir le monde en 2050 » rassemblera quelque 300 experts (universitaires, chercheurs, ONG, secteur privé) de pays développés et en développement. Il préparera le terrain à la tenue du 16 au 18 novembre 2009 d'un nouveau Sommet mondial sur la sécurité alimentaire. |
La production de viande devra augmenter de plus de 200 millions de tonnes, totalisant 470 millions de tonnes en 2050, dont 72 % seront consommés dans les pays en développement (contre 58 % aujourd'hui).
La production de biocarburants pourrait également doper la demande de produits agricoles et ce, en fonction des prix de l'énergie et des politiques gouvernementales.
Selon le document des Nations unies, il existe plusieurs domaines où des techniques agricoles améliorées et les nouvelles technologies pourraient être exploitées pour booster la production:
- Amélioration de l'efficacité en ce qui concerne l'utilisation des intrants agricoles. Cela s'avèrera d’autant plus important que les ressources naturelles se feront rares et du fait de la hausse des prix des ressources comme les combustibles fossiles, l'azote et le phosphore.
Une technique prometteuse à cet égard est l'agriculture de conservation fondée sur le non-travail du sol - les fermes qui la pratiquent ont réduit en moyenne leur consommation de carburant des deux tiers tout en accroissant les niveaux de piégeage du carbone dans le sol.
La Fao précise également qu'il faudra améliorer l'utilisation des engrais grâce à une plus vaste application d'azote et à des niveaux croissants d'azote fixé biologiquement.
L'eau est une autre ressource qui doit faire l'objet d'une utilisation plus efficace, par le biais de pratiques telles que la récolte de l'eau et la conservation de l'humidité des sols. - Mise au point de variétés culturales améliorées.
- Investissements massifs dans la recherche et le développement (R&D) agricoles.
La réduction de la pauvreté dans le Monde rural requiert en outre des investissements dans les infrastructures rurales (routes, ports, énergie, systèmes de stockage et d'irrigation); des investissements dans les institutions, la recherche et les services de vulgarisation, les titres et droits fonciers, la gestion des risques, les systèmes vétérinaires et de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments; et des investissements non agricoles, y compris des filets de sécurité alimentaire et des transferts d'espèces aux populations les plus vulnérables. - Combler les déficits de rendement actuels : de nombreuses exploitations aujourd'hui n'ont pas atteint leur plein potentiel de production vivrière tout simplement parce qu'elles n'ont pas recours aux semences et aux techniques culturales améliorées disponibles.
Cela s'explique notamment par un manque d'incitations financières, un accès limité à l'information, des services de vulgarisation faibles, et des opportunités insuffisantes d'acquisition des compétences techniques requises.
Faute d'investissements et d'un développement des zones rurales des pays pauvres, la misère et les inégalités continueront à sévir dans le monde, même si leur ampleur sera considérablement réduite par rapport à aujourd'hui, selon la Fao.