Deux euros par tonne de céréales, c’est le montant de la cotisation volontaire obligatoire (Cvo) « agrocarburant » à l’étude, jusqu’au ministère de l’agriculture. Elle serait collectée pour compenser les déficits de la filière d’agrocarburants. Cette nouvelle Cvo payée par l’ensemble des céréaliers s’ajouterait aux deux autres déjà en vigueur d’un euro environ par tonne de céréales.
![]() Une Cvo en plus de la taxe carbone, une année fiscale en perspective bien noire! (© Terre-net Média) |
Ce projet de cotisation n’est pas vraiment une surprise. Orama (1), le 2 juillet dernier, « réaffirmant sa volonté de soutenir les filières d’utilisation des grains à des fins non alimentaires, en particulier pour la production de biocarburants, dès lors que l’ensemble des outils industriels est opérationnel », avait annoncé qu’elle engageait « une réflexion dans le cadre des filières biocarburants pour améliorer et régulariser l’approvisionnement des usines, tout en sécurisant le revenu des producteurs, sur des bases mutualisables à l’ensemble de la production». Autrement dit, Orama cherchait déjà à « faire supporter à l’ensemble des producteurs les conséquences de choix politiques inappropriés dont elle a été l’un des principaux artisans », faisait alors la Confédération paysanne début juillet.
« Si un syndicat souhaite affirmer sa volonté de faire soutenir par ses adhérents les filières d’utilisation des grains à des fins non alimentaires, c’est son droit », affirme la l’Opg. « Mais par contre, il n’a pas à engager l’ensemble de la profession dans cette voie », ajoute l’organisation.
Et l’Opg de préciser qu’«il serait quand même incohérent que les pouvoirs publics, qui ont bien réalisé ce fiasco et font marche arrière sur le dossier de l’éthanol, acceptent d’étendre un accord sur une Cvo supplémentaire. Cela d’autant plus qu’une part de la Cvo Intercéréales a servi à financer des associations dans le giron du syndicalisme officiel pour des actions de promotion de l’éthanol. »
Ce projet de Cvo « Agrocarburants » est d’autant moins acceptable, selon l’Opg que cette dernière n’a cessé depuis des mois de mettre en doute l’impact environnemental de la filière. « Les économies sur les gaz à effet de serre sont loin d’être confirmées », affirme t-elle.
Un bilan énergétique qui rend perplexe
Ces derniers propos sont partagés par la confédération paysanne qui s’était aussi toujours opposée au développement d’une filière d’agrocarburants.
Dans un communiqué du 15 septembre, le syndicat de Bagnolet faisait part de son impatience, constatant que les résultats de l’étude « exhaustive et contradictoire sur les bilans énergétiques et environnementaux des agrocarburants se font attendre ». Et le syndicat ajoutait que « l’agence « bio intelligence service » chargée de calculer le bilan énergétique de la production d’agrocarburants aurait été invitée à revoir ses calculs car les premiers résultats sur le bilan énergétique de leur fabrication, tels qu’ils ressortent des travaux entrepris par les différents bureaux d’études missionnés à cette fin, ne sont pas suffisamment convaincants pour montrer les avantages environnementaux de l’ensemble de la filière d’agrocarburants ».