« Une crise de l’agriculture comme jamais la France n’en a vécu depuis trente ans ! ». Germinal Peiro, secrétaire national à l’agriculture au parti socialiste fait siens des propos tenus par Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture pour décrire la situation accablante de l’agriculture française. Mercredi 14
![]() Germinal Peiro, secrétaire national à l'agriculture du parti socialiste (© Terre-net Média) |
Destruction du capital légué
Sans régulation, sans la restauration de la préférence communautaire, l’agriculture européenne « est condamnée à disparaître et les syndicats, toutes obédiences confondues l’ont bien compris ». « Ils ne contrôlent plus leurs bases. Les jeunes ont le sentiment de détruire le capital que leur ont légué leurs parents et leurs grands parents », ajoute le secrétaire général. « Le désarroi des agriculteurs est d’autant plus fort qu’ils ont le sentiment d’avoir été trompés par Nicolas Sarkozy, le président de la république et son gouvernement qui, quoiqu’ils annoncent, soutiennent la politique libérale de la commission européenne et le démantèlement des outils de régulation des marchés agricole ».
Dans le contexte actuel il ne s’agit plus pour le parti socialiste de parler de réforme de la Pac en 2013 mais plutôt d’une révolution de la politique agricole commune pour sauvegarder des milliers d’emplois directs et indirects et bien sûr, conserver des campagnes vivantes. « En Dordogne, il y a déjà 557 communes où il n’y a plus de paysans », déplore Germinal Peiro. « A l’échelle nationale, le phénomène de
Le Modef demande un plan de sauvegarde financierLe Modef a interpellé le Premier Ministre sur la grave pandémie qui touche les agriculteurs et va se traduire par des dépôts de bilan en masse. Les quelques aides accordées et même l’éventuelle année blanche ne suffiront pas à sortir les trésoreries du rouge. Seule des aides directes massives sont à même de permettre aux exploitants agricoles de passer l’année en attendant la mise en œuvre de mesure de fond. Le Modef demande ainsi au Premier Ministre la mise en œuvre d’un plan de sauvegarde financier à l’instar de celui accordé aux banques, à l’industrie automobile…. |
Selon le secrétaire national du parti socialiste, l’ensemble des éleveurs regrette la disparition des quotas qui ont été pendant 25 ans à la fois un outil de régulation et de répartition de la production laitière sur l’ensemble du territoire. « Dans le climat actuel de surproduction mondiale, la hausse des 1 % par an a accéléré la chute des prix », affirme t-il.
Le réchauffement climatique régulera le capitalisme
A court terme, il est urgent de revenir aux principes fondamentaux de la Pac et de tout mettre en œuvre pour renoncer à la disparition des outils de régulation encore existants (droits de plantation).
Pour le lait, Germinal Peiro fait remarquer la contradiction entre la volonté de revenir à une forme de contractualisation alors que les accords interprofessionnels qui régissaient la production jusque l’an dernier ont été dénoncés par la Dgcrf.
Des aides à l'exploitation
« Les pistes évoquées par le ministre de l’agriculture ne règlent pas tout. On ne peut pas se contenter d’aides pour apporter des solutions à des problèmes structurels. Quoiqu’on en pense, les agriculteurs ne pourront pas vivre dans un monde libéralisé », explique t-il.
« A long terme, c’est le réchauffement climatique et ses conséquences qui seront le moteur de la révolution de la Pac à conduire dans les prochaines années » Cela passera à l’échelle des exploitations
Traité de lisbonne
A Bruxelles, le Parlement européen pourra davantage rapporter la parole des citoyens et faire connaître ses demandes compte tenu du rôle accru que lui accorde le traité de Lisbonne lorsqu’il sera mis en œuvre. Mais les décisions resteront prises par les conseils des ministres et les chefs de gouvernements, ce qui dans l’état actuel des rapports de force réduit considérablement les opportunités de donner une nouvelle orientation régulatrice à la politique agricole à conduire. |
En jeu aussi l’instauration de la taxe carbone sur les transports (ferroviaires, aériens) pour faire supporter aux produits importés à bas prix ou de contre saison le coût réel de leur transport vers les pays consommateurs. Cette mesure renforcerait le développement de l’agriculture familiale et vivrière de tous les pays, qu’ils soient exportateurs ou importateurs.
Selon le parti socialiste, c’est donc autant à Bruxelles qu’à Copenhague que se jouera l’avenir de l’agriculture française et européenne. Et c’est la prise en compte du réchauffement climatique qui pourrait conduire à une régulation du capitalisme mondial.
Il devient pour cela primordial que l’agriculture et même l’ensemble de l’économie relocalise sa production. Les produits bio n’ont de sens que si ils contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or une majorité de produits bio consommés en France sont importés. Aussi, cette relocalisation défendue par le parti socialiste passera par le développement de circuits courts de commercialisation.
"changer leur fusil d'épaule" L'eurodéputé PS Stéphane Le Foll appelle vendredi les ministres et la Commission européenne à "changer leur fusil d'épaule" et à prendre la "mesure de leurs erreurs" après l'avertissement lancé par la Cour des comptes européenne sur une libéralisation excessive du marché du lait. Pour en savoir plus : Lait - Ministres et Commission UE doivent "changer leur fusil d'épaule" (Le Foll) |