« Cinquante deux mille paysans se sont mobilisés aujourd’hui dans toute la France. Près de sept mille tracteurs et mille animaux ont participé à ces rassemblements. La mobilisation est à la hauteur du désarroi et du désespoir des agriculteurs », assurent la Fnsea et JA qui « se félicitent du succès de cette journée d’actions pour défendre le revenu agricole et demander un plan
Les JA Ile de France sur les Champs elysées à 7h30 (© Terre-ent Média)
de relance d’1,4 milliard d’euros ».
« Dignité et gravité ont accompagné ces moments aux quatre coins de la France », ajoutent les deux syndicats.
« Il est temps de nous entendre, les paroles ne suffisent plus ! « Sarkozy, l’agriculture a un prix » n’est pas qu’un slogan, c’est la réalité de l’agriculture française au quotidien ». La Fnsea et JA « continueront de se battre dans les jours à venir pour obtenir du Président de la République et du Gouvernement de vrais engagements ».
Les agriculteurs refusent donc d’avoir manifesté pour rien et sont impatients de savoir quelles seront. les nouvelles mesures concrètes qui seront prises pour soulager leurs trésoreries. Le versement anticipé des aides Pac ne suffit pas. Nous savons que leur demande est importante. Si elle n’est pas en grande partie satisfaite, d’autres mobilisations sont à prévoir selon Orama (Voir encadré). Et le désarroi des agriculteurs pourrait alors se transformer en jacqueries.
Le mouvement coopératif appelé à manifester (Confédération paysanne)
|
Mais revenons sur la question du nombre de manifestants. On parle de mobilisation importante.Or les cinquante deux mille dénombrés selon la Fnsea ne représentaient qu’à peine 15 % des actifs non salariés alors que tous les secteurs sont en crise.
Il est vrai que ces 52.000 manifestants ont su montrer leur colère grâce à des actions spectaculaires. L’incendie sur les Champs Elysées, en face du Fouquet's où Nicolas Sarkozy a fêté sa victoire électorale en 2007, a même été qualifié « d’exploit » par un responsable de la Fnsea d’Ile de France. Quelques tracteurs suffisent pour bloquer la circulation. Alors des centaines...
Des messages adressés au Président
A propos des messages passés, les banderoles portaient sur des revendications essentiellement nationales (les agriculteurs s’adresse directement au président, Nicolas sarkozy), soulevant les problèmes de revenu et de compétitivité. Des problèmes de compétitivité liés surtout aux écarts de salaires et de coût du travail entre les 27 pays européens en raison de l’absence totale d’harmonisation des régimes sociaux. Cependant on notera que certains slogans visaient directement Jean Michel Lemétayer, président de la Fnsea et la légitimité de ses fonctions de représentant de la profession majoritaire. Aucun propos en revanche à l’encontre de Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture. Non pas parce qu’il vient d’entrer en fonction - de toute façon le travail réalisé depuis cinq mois commence à être reconnu - mais parce que les agriculteurs sont persuadés que les «Décisions agricoles » au niveau national ne sont jamais prises sans l’aval de l’Elysée. Or des doutes persistent sur les motivations du président de défendre les intérêts de l'agriculture française comme il l'a fait pour le secteur automobile et bancaire.
Aussi, les messages des manifestants s’adressaient directement à Nicolas Sarkozy, invité à tenir ses promesses de campagne et à être leur relais à Bruxelles qui ne défend plus leurs intérêts depuis bien longtemps, trop attaché aux dogmes du libéralisme.
Les pouvoirs publics sont maintenant avertis (Orama)
Selon Orama (Agpm, Agpb et Fop) les exploitants ont tenu ce vendredi à « montrer ainsi l’ampleur de leur désarroi face à la situation sans précédent qu’ils vivent. Malgré des récoltes de bon niveau -sauf dans certaines régions du sud - leur revenu va en effet se trouver laminé en 2009. En outre, dans le cadre du Bilan de santé de la Pac, l’Europe et, plus encore, la France ont pris des décisions de nature à condamner définitivement beaucoup d’entre eux en 2010 ». « Les pouvoirs publics sont maintenant avertis. La détermination des producteurs du secteur des grandes cultures est à la mesure de leur désarroi. Ils sont prêts à se mobiliser à nouveau autant de fois qu’il le faudra et aussi intensément au moins si la politique mise en oeuvre à leur encontre n’est pas considérablement corrigée. » |