![]() Patrick Ballu a hérité de la passion de son père, Vincent, inventeur du premier tracteur enjambeur puis du pulvérisateur en résine de synthèse. (© DR) |
Terre-net Média : Quelle est votre politique de marques ?
Patrick Ballu : C’est un de nos savoir-faire. Nous ne cultivons pas la marque unique. Nous respectons la culture, les particularités et les gammes de chaque marque. Les entreprises ne sont pas « reprises » mais elles « entrent dans le groupe ». C'est-à-dire qu’elles bénéficient évidemment de certains effets d’échelle, tels que la négociation avec les fournisseurs (d’informatique par exemple) ou encore notre service juridique, mais qu’elles restent autonomes. Chacune gère sa production, son réseau, son bureau de recherche et développement... Nous fonctionnons comme une fédération de PME donc nous sommes multimarques, multi-produits et multi-réseaux.
TNM : Comment se fait la répartition des technologies ?
P.B. : Naturellement puisque chaque marque a ses arguments forts donc ses innovations, et au final des produits très variés. Le savoir-faire est mis en commun, mais la mise en forme reste autonome. Comme pour les voitures, chaque entité a son habitacle et son style bien à elle. Nous provoquons d’ailleurs même la concurrence en interne. Ça créé une émulation.
TNM : Quelles sont les valeurs communes ?
P.B. : Avant tout l’amour du produit car nous sommes tous des passionnés, le service client, l’innovation, avec déjà plus de 200 brevets déposés, et le respect de l’environnement. En fait, notre valeur fondamentale est la recherche de l’excellence, d’où le nom du groupe d’ailleurs… Nous essayons d’apporter les réponses de demain aux agriculteurs.
TNM : Quelle est votre vision du marché ?
P.B : L’envolée des prix des denrées alimentaires a été accélérée par les spéculations. Après une embellie, le marché a donc nettement reculé pour revenir à un niveau comparable à 2006-2007. Il reste toutefois porteur puisque la totalité de la production ne pourra pas satisfaire tous les besoins en nourriture et énergie de la planète. Les agriculteurs vont donc devoir améliorer leur productivité tout en étant plus économes en énergie et en médicaplantes*. Et nous avons un vrai rôle à jouer pour aider les agriculteurs à apporter la bonne dose au bon moment.
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P.B. : Pas inquiets sur le fond mais vigilants au quotidien pour s’adapter au mieux aux tendances et aux besoins. Nous ajustons constamment notre production au marché. Chaque pulvérisateur est assemblé à la demande, avec les options du client. On s’en sort actuellement mieux en grandes cultures qu’en vignes. Et, par temps de crise, nous observons deux tendances : soit les agriculteurs commandent des pulvérisateurs peu chers, c'est-à-dire simples, ce qui n’empêche pas la performance, soit ils jouent au contraire la carte de la précision avec des machines ultra sophistiquées. Il y a les deux extrêmes.
TNM : Vous consacrez près de 4 % de votre chiffre d’affaires et 6 % de vos effectifs à la recherche et au développement. La robotisation fait-elle partie de vos pistes de travail ?
P.B. : L’innovation est pour nous un basique. Un pilier. Nous avons d’ailleurs toujours été parmi les plus innovants donc nous allons évidemment dans cette direction, entre autres… Nous visons toujours plus de rapidité, de confort et de traçabilité. L’autre préoccupation est la réduction des coûts pour l’agriculteur. Nous devons sans cesse trouver de nouvelles solutions. C’est ce qui rend notre métier si passionnant !
TNM : Comment percevez-vous l’arrivée de nouveaux acteurs sur le marché ?
P.B. : C’est stimulant ! Notre force c’est que nous faisons uniquement de la pulvérisation alors que la plupart de nos concurrents fabriquent aussi d’autres gammes de produits. Or c’est bien connu que « qui trop embrasse, mal étreint »… Nous respectons la concurrence, puisque nous ne l’avons même pas supprimée en interne, mais c’est difficile d’être à la fois généralistes et spécialistes. Dans le groupe, on ne pense qu’à la pulvérisation, jour et nuit, donc on est forcément plus pointus.
![]() Le groupe fabrique aussi des pulvérisateurs à main et à dos. (© DR) |
P.B. : Aussi bien en tant que chef d’entreprise qu’en tant que citoyen, je pense que c’est une bonne initiative. On n’a pas le droit de ternir le monde. Il faut au contraire le préserver et l’enrichir. Et c’est à nous, constructeurs, de proposer des solutions visant un dosage optimal qui est à la fois bon pour la nature et bon pour le porte-monnaie des agriculteurs. Nous devons aider l’agriculture à réduire sa consommation de médicaplantes. Et comme nous sommes déjà engagés dans cette voie, les nouvelles normes et lois ne sont pas une contrainte mais plutôt une vraie opportunité pour innover encore plus.
TNM : Quelle est la marge de progression sur les pulvérisateurs ?
P.B. : Le progrès est infini. Seules sa vitesse et l’impression qu’on en retire varient.
* Produits phytosanitaires
Les étapes clés de l’essor du groupeExel industries est spécialisé dans la pulvérisation de précision dans trois marchés complémentaires : l’agriculture, l’industrie et le grand public. Zoom sur les grandes étapes de son développement : 1952 : création de Tecnoma par Vincent Ballu |
![]() Organigramme du groupe. (© DR) |