Lutter contre le Ray-grass

Après une série d’essais menés à Boigneville sur la performance de différents outils de déchaumage adaptés aux faux-semis (lire ici), Jérôme Labreuche, spécialiste du travail du sol à Arvalis et responsable de l’activité agroéquipement à Boigneville, a présenté le 19 novembre dernier en Avignon une seconde série d’essais menée en 2008 et 2009 par l’Institut.

Ces essais ont notamment confirmé le fait qu’un semis avec Semeato Tdng (semoirs à disques, type semis direct) perturbait également peu le sol, générait peu de terre fine et maintenait de la paille en surface.

Le résultat est une réduction du taux de levée de ray-grass, comprise entre 50 % et 80 % par rapport au témoin (2 passages de Horsh SE). À l’inverse, un semis avec le Horsh SE sur sol déchaumé remuait encore trop le sol et stimulait les levées de Ray-grass.

« On obtient un lit de semences trop favorable à la levée des adventices car cet outil de travail du sol a tendance à créer trop de terre fin. Alors oui, le Horsh SE est bien une machine à faire lever du blé en sol sec. Le problème, c’est qu’elle fait tout lever. À l’inverse, le Semeato sur chaume perturbe bien moins le lit de semence et cette perturbation est limitée à la ligne de semis. Il n’y a en outre pas de terre fine et le sol reste couvert par les pailles, ce qui crée ainsi un ombrage défavorable à la levée des adventices. »

Effets contradictoires

Ces travaux montrent donc que l’impact du faux-semis est rarement démontré et que le travail du sol conduit à des effets contradictoires :
• Levée des adventices si le travail est superficiel ;
• Durée de vie des semences d’autant plus longue qu’elles sont enfouies profond : il y a là une notion de parasitisme importante et rarement prise en compte. En effet, une partie du stock semencier présent en surface est détruite par les parasites de surfaces ;
• Le travail du sol enfouit les semences de surface et en remonte d’autres. « Le labour reste donc intéressant pour les semences présentant une durée de vie courte, type graminées car l’enfouissement va venir détruire près de 80 % du stock. Mais le labour n’est pas intéressant à l’inverse pour les dicotylédones qui seront au contraire protégée par une telle pratique. »

Ainsi, la technique du faux-semis est une pratique à envisager sur la durée et à compléter par le décalage des dates de semis, en décalant de trois semaines les semis, cela permet « une meilleure efficacité dans la destruction des Ray-grass, mais qui n’est pas non plus sans effet sur le rendement… ».

En monoculture, le faux-semis décevant Un essai mené à Boigneville sur une monoculture de blé démontre que le labour est une technique plus intéressante que le faux-semis pour lutter contre le Rays-Grass. « Pour gérer des populations de graminées, le labour reste la technique la plus propre », expliquait le 19 novembre dernier Jérôme Labreuche (Arvalis). Vient ensuite le semis-direct. « En dernière position, on retrouve le travail superficiel, car le lit de semence est tellement favorable à la levée des adventices que le Ray-Grass se développe sans contrainte. » L’introduction de rotation (maïs/blé, Betterave/blé/pois/orge) a également permis à Boigneville un bon contrôle du Ray-Grass. « Ces travaux montrent donc qu’il faut relativiser tous les messages actuels sur les faux-semis ! » Labour recommandé Dans le Sud-Est, des essais ont également été menés sur ces questions de rotation et de travail du sol sur blé dur avec ou sans rotation (colza). « Le labour, avec ou sans rotation, permet de limiter à un niveau proche de zéro les populations de ray-grass », expliquait Philippe Braun, ingénieur régional Arvalis. Par contre, il n’est pas recommandé de faire un travail du sol superficiel, car les populations de ray-grass sont particulièrement importantes, « et avec un programme herbicide qui nous coûte cher ! ». Par ailleurs, les essais menés à Béziers ou à Aix montrent que le colza n’est pas une culture permettant de lutter contre le Ray-grass « dans ces milieux séchants ». Le labour est donc là aussi recommandé.