Pourquoi les français ne sont pas en tête

Pourquoi les français ne sont pas en tête

 


La compétitivité des exploitations céréalières françaises à la loupe.
(© Terre-net Média)
Alors que le débat sur la politique agricole à conduire après 2013 et sur les moyens à mobiliser est de retour sur les bancs de l’actualité, les premiers résultats d’une étude réalisée par Vincent Chatellier, chercheur de l’Inra (1) portant sur la compétitivité des exploitations céréalières européennes sur 1990-2006 (avant le bilan de santé) révèle, pays par pays, les forces et faiblesses des céréaliers. Mais surtout les marges de manœuvre disponibles pour faire face à une baisse des soutiens publics.

De cette étude, un premier constat s’impose. A l’échelle de l’Europe des Vingt-cinq (hors Malte et Chypres), les charges de production par hectare des exploitations de plus de 150 hectares sont supérieures de 20 % à la valeur de la production. Et les céréaliers allemands sont plus dépendants des aides Pac que les français à quelques points près.

 

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«Cette dépendance doit pousser les politiques à réfléchir avant de prendre toute décision précipitée à l’échelle des Vingt-sept; la viabilité des deux tiers des exploitations est en jeu », avertit Vincent Chatellier, chercheur à l’Inra.

 

De l’analyse des coûts de production des céréales européennes, il ressort que les agriculteurs britanniques et allemands, employant davantage de salariés que leurs collègues français, ont les moyens d’ajuster la masse salariale en fonction de la conjoncture et de la charge de travail sur leur exploitation. Cette flexibilité rend ainsi leurs exploitations plus compétitives que les françaises dont le fonctionnement repose sur une main d’oeuvre essentiellement familiale. L’organisation de ces dernières, source de rigidité, conduit à des prélèvements fixes qui pèsent sur les résultats dégagés, surtout en période de « basses eaux ».

Surface et revenus vont de paire

Sur les 450.000 exploitations du Rica européen, il ressort que les revenus des céréaliers ont évolué différemment.

Celui des agriculteurs allemands augmente régulièrement entre 1992 et 2006, autrement dit, depuis la réunion des deux Allemagne. Mais ce sont les britanniques qui affichent les plus belles performances avec 32.000 euros par Uta.

La France arrive en troisième position en raison du moindre agrandissement de ses exploitations et d’une stagnation des rendements. La valeur de la production hors aides Pac est inférieure de 100 euros par hectare à ses deux concurrents.

A l’avenir, les marges de compétitivité de la France reposent en grande partie sur l’abolition des distorsions sociales et environnementales et bien sûr, sur de nouveaux gains de productivité. Ce qui à terme rendra les exploitations moins vulnérables (lire article « La vulnérabilité des exploitations agricoles »).

Ceci dit c’est aussi la dimension familiale de ces mêmes exploitations françaises qui les rend plus facilement transmissibles qu’en Grande Bretagne et qu’en Allemagne. Ce qui constitue une garantie pour pérenniser le potentiel agricole de la « ferme France ».

Les charges d'amortissement

Autre point important à noter qui ressort de l’étude de l’Inra : l’importance des charges d’amortissement qui pénalisent les entreprises françaises. Le régime fiscal (Dpi), le mode de calcul des prélèvements sociaux et la faiblesse des taux d’intérêts (parmi les plus faibles d’Europe), conduisent les exploitants à se doter d’un parc matériel surdimensionné qui pèse au final sur la rentabilité de leurs exploitations. Les agriculteurs allemands et britanniques, dirigeant des fermes plus importantes, lissent sur davantage d’hectares leurs charges de mécanisation. Et l’absence de dispositif fiscal avantageux et des taux d’intérêts plus élevés les pousse à mieux raisonner leurs investissements.

Ce constat montre que l’extension aux aléas économiques de Dpa constitue un moyen efficace pour soustraire des prélèvements obligatoires une partie du résultat de l’exploitation tout en conservant de la trésorerie pour faire face aux crises conjoncturelles.

En revanche, le statut du fermage confère aux céréaliers français un avantage comparatif indiscutable. Des baux de 9 ans, de 18 ans voire de carrière leur assurent une certaine lisibilité pour raisonner leur programme d’investissements (pour plus de renseignements, lire l’article en lien).

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