« La Pac est une échéance à ne pas rater pour faire de nouvelles propositions. Il faut s’emparer du débat. La France doit s’attendre à des négociations difficiles car elle est soupçonnée de tirer la couverture vers elle. Il faudra par conséquent adopter une position humble et ne demander que ce qui est négociable. »
![]() Henri Nallet, ancien ministre de l'agriculture, au Conseil économqiue et social environnemental (© Terre-net Média) |
« Toutefois, un consensus se dégage depuis quelques mois par rapport aux orientations à donner. La Pac de 2013 ne devra pas être réfléchie que par des techniciens. Elle devra favoriser une agriculture plus productive et plus écologique à la fois, et confier aux agronomes la mission de trouver des solutions pour parvenir à relever l’ensemble des défis des prochaines années, alimentaires en priorité ».
« Je ne crois pas du tout au tout bio. Et il faut cesser de faire porter à l’agriculture la responsabilité qu’on lui donne d’être le principal vecteur de pollution ».
« Concrètement, la Pac de 2013 devra garantir, plus que par le passé, une production agricole de qualité et assurer la sécurité alimentaire de l’Europe. Mais cet objectif n’est pas partagé par tous les pays membres ! »
« Les agriculteurs doivent revenir sur le devant de la scène»
« Le nouveau modèle d’agriculture à bâtir devra aussi être mis en place dans une Europe ouverte(mais avec une forme de gouvernance mondiale pour réguler les marchés dans l’intérêt des producteurs et des consommateurs) et elle reposera forcément sur des instruments qui visent à :
- remettre la production au centre de la Pac ;
- relancer la recherche sur un nouveau modèle de développement agricole et à rattraper le retard pris avec l’Allemagne dans ce domaine ;
- préférer les incitations à des réglementations inapplicables et bureaucratiques ;
- trouver des systèmes acceptables de stabilisation des prix car c’est la clé dans tous les pays, développés ou en développement, de la modernisation et de la pérennité de l’activité agricole. »
« Il n’est pas question que l’agriculture de l’après 2013 soit duale à la ‘Chalmin’ (professeur d’économie à Paris Dauphine) avec des exploitations industrielles d’un coté et autarciques de l’autre. »
Ces idées sur la Pac de l’après 2013 traduisent le bilan dressé par un ancien ministre socialiste de l’agriculture emporté comme d’autres par la vague libérale de la fin des années 1980-1990.
« Je fais partie de ceux qui, de mauvaise grâce, sont devenus des auxiliaires des marchés avec les résultats décevants qui en découlent », confie t-il.
« Le marché n’a pas les moyens de réguler seul la production agricole ce qui a conduit à ce que ce soient les agriculteurs les plus intensifs qui soient les premiers à être victimes de la crise actuelle ;
- les crises alimentaires n’ont pas été éradiquées ;
- la concurrence hâtive, la recherche de productivité et ses excès ne sont pas sans conséquences sur le plan écologique et environnemental. »
« On a beaucoup trop raisonné la Pac sans les paysans. Avec l’échéance de 2013, ils doivent revenir sur le devant de la scène ! »