![]() Le Rsa, une réalité pour de nombreux agriculteurs. (© DR) |
Le sujet reste tabou dans les campagnes, les plus démunis souffrent en silence: « il y a pas mal d'états d'âmes et de réticences à aller réclamer le Rsa », explique Fabrice Guérin, responsable d'une association d'aide aux agriculteurs, l'Atese, basée à Rennes. Dans les Côtes d'Armor, un couple « a fait en sorte que le dossier ne passe pas par la mairie » car « ils avaient trop honte », comme le raconte une autre association, « Solidarité Paysans ». Sa présidente, Annie Le Roux, elle-même agricultrice, voit défiler des dossiers émanant de gros producteurs de lait, qui font « 500.000 litres par an ».
« Nous craignons beaucoup pour les semaines qui viennent notamment pour les agriculteurs installés ces derniers mois », explique Elie Quidu, responsable du dossier à la Msa. Il observe déjà « une montée en charge ». D'autant que les critères se sont assouplis pour prendre en compte les revenus de 2009, en chute libre.
Des revenus en chute libre
Guillaume Martel a 35 ans. Installé depuis 1997, il fait « du lait et des bovins » en Normandie. Il a déjà perdu entre « 12.000 et 15.000 euros », a emprunté 29.000 euros à l'automne, « il y a des chances » qu'il dépose une demande au titre de ses revenus 2009. « La crise est masquée. Les fournisseurs participent au comblement du trou, mais quand ils diront "on ne vous livre plus" et quand les banques diront "on ne prête plus", tout risque de s'effondrer ! », prévient-il.
Des conséquences psychologiques graves
« Humainement, c'est très dur », s'inquiète Pascal Cousté, représentant de l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) en Bretagne. Car de la détresse financière au désespoir il n'y a qu'un pas.
Nicolas est sous anti-dépresseurs. Marre de travailler « 12 heures par jour pour la gloire ». Arrêté en début d'année, il a repris le travail cette semaine. De passage, son vétérinaire renchérit: « On a des retards de paiements. Les gens sont tendus à bloc. Toute la filière est en danger. Il faut le dire: Nicolas, c'est une victime de la crise alors que c'est quelqu'un qui devrait s'en sortir ! ».