« Nous n'avons plus d'eau pour le troupeau, faute d'électricité », affirme Jean-Paul Réveille, le propriétaire d'Aïda, la vache Salers qui fait l'affiche du salon et dont l'exploitation en Sologne a été victime, mais à un niveau moindre, de la tempête Xynthia qui a fait 52 morts selon un bilan encore provisoire. Pour abreuver le troupeau, l'eau vient des forages. « S'il n'y a pas d'électricité, il n'y a pas d'eau », explique-t-il. De nombreux arbres sont aussi tombés, et « il a fallu ouvrir les chemins » pour accéder aux prairies où paissent les bêtes. Et le travail est loin d'être terminé. Dans toute la partie boisée de l'exploitation, « c'est pire il y a eu des "vents roulants" et dans ces cas là, ces sortes de tornades emmènent un arbre et cela fait un mikado très vite », ajoute-t-il. « Cela risque d'être plus grave qu'en 1999, en tout cas plus onéreux », selon lui.
![]() La Couarde a été le secteur de l'île de Ré où la digue a lâché (© DR) |
Blandine Terrier, qui vit également en Sologne, à Vernon, où elle est propriétaire d'un élevage avicole, est très handicapée par le manque d'électricité. « Si les agriculteurs n'ont pas de groupe électrogène, (...) pour l'élevage avicole on ne peut plus nourrir les volailles car l'alimentation est automatique ». Dans cette région où des pointes de 139 km/h de vent ont été enregistrées, des tunnels en bâche plastique pour protéger les semis ont été arrachés chez les maraîchers, a-t-elle ajouté.
Philippe Varacher, éleveur laitier à Verneuil (Charente), déplore la perte de 400 m2 de toitures de bâtiments d'élevage qui ont été arrachées. « Déjà en 1999, j'avais du tout refaire à neuf mais à l'époque les affaires étaient meilleures et j'avais pu emprunter 30.000 euros pour finir de payer les toitures », affirme ce responsable de l'Association des producteurs laitiers (Apli). « Mais aujourd'hui vu le contexte économique et vu l'état des comptes, je suis certain de ne pas pouvoir emprunter pour faire face aux factures », lâche-t-il.
Les dégâts sont énormes...
« Mais il y a pire que moi: des jeunes agriculteurs qui sont tellement étranglés que certains n'ont pas payé leur assurance, ne toucheront pas un centime », déplore M. Varacher.
Christine Badets, ostréicultrice, est un pilier du salon de l'agriculture où elle tient un restaurant: « l'eau est montée dans les cabanes, inondant le matériel, les installations électriques, les camions, les machines à trier et des toitures se sont envolées ». Mais elle attend son retour pour constater l'ampleur des dégâts.
A Guérande (Loire-atlantique), la digue a cédé et la mer s'est engouffrée en plusieurs endroits. Véronique Canu, une jeune femme qui s'est lancée il y a cinq ans dans le métier de paludier, a appris que ses 50 « œillets » (bassins de récolte, ndlr) sont inondés sous trois mètres d'eau. Elle a écourté sa participation au salon pour commencer à remettre en état ses marais salants.
Un éleveur de moutons de Sainte-Radegonde-des-Noyers (Vendée), qui n'est pas présent au salon, a perdu toutes ses bêtes, sauf les six qu'il avait envoyées au salon, trois femelles et trois béliers. « Son exploitation, comme d'autres, est sous 1,70 m d'eau, sa maison est complètement détruite », a déclaré à l'Afp le maire de Sainte-Radegonde-des-Noyers.