![]() La médaille, un précieux sésame pour les agriculteurs. (© DR) |
« C'est clair qu'être médaillé, ça fait une différence. C'est évident que ça attire l'oeil du consommateur. Maintenant, quantifier l'impact, c'est vraiment difficile », explique Jean Lafosse, ostréiculteur normand, qui vient d'obtenir la médaille d'argent pour son huître cette année.
Les répercussions sur les ventes sont difficiles à évaluer. Afin d'en avoir une idée plus précise, les organisateurs viennent de lancer une étude sur la question. « Mais les gens nous disent tous qu'ils vendent mieux une fois médaillé », explique le commissaire général du concours, Wilfried Fousse.
« Là ici sur le salon, ça ne change rien, mais ça "booste" les ventes chez nous sur les marchés, c'est clair », explique Cécile Coldelfy, dont le magret de canard séché vient de recevoir la médaille de bronze 2010.
Un impact quantifiable pour le vin
Certains en revanche, comme les vignerons, ont eux une idée extrêmement précise de l'impact d'une telle distinction. « Un vin qui reçoit la médaille d'or (décerné par cépage, ndlr) peut se vendre ensuite 30 % plus cher, avec l'argent c'est 10 %, et rien pour le bronze », assure Pierre Taïx, viticulteur à Saint-Emilion. « Pour les vins, cela représente un vrai business », ajoute-t-il.
Tous assurent en tout cas que la médaille obtenue assure une visibilité très recherchée par les producteurs notamment. « Par exemple la saucisse de Morteau concourt pour la première fois cette année pour donner plus de visibilité nationale à un produit très terroir », explique Wilfried Fousse. Du coup, les enjeux sont bien réels.
Et malgré la décontraction que peuvent afficher certains, les participants sont quelque peu sous pression. « Les gens disent souvent que le concours ce n'est pas très important, qu'ils viennent au salon pour l'ambiance, mais quand ils décrochent une médaille, je peux vous dire qu'ils sont contents », assure Jean Lafosse.
Attirer l'oeil des professionnels
Pour les éleveurs, les prix décernés n'ont pas la même valeur car la qualité de l'animal, sa fiche génétique et son traçage sont déjà connus avant d'arriver au salon. Mais une fois primée, la bête peut attirer l'oeil des professionnels comme les centres d'insémination qui scrutent chaque concours de bétail. « Là je viens d'avoir une demande d'un centre d'insémination irlandais pour taureaux », explique un éleveur de Prim'Holstein du Tarn François Herail qui vient d'obtenir le 3e prix, l'équivalent du bronze. « Ca ouvre forcément des portes », reconnaît-il. « Il y en a à qui on a proposé des sommes folles pour racheter leur vache qui avait eu le premier prix », assure sous couvert de l'anonymat un éleveur de Prim'Holstein breton.
Au pavillon 2.1, là ou près de 3.500 jurés testent et délibèrent, l'ambiance est bien différente des allées que traversent les visiteurs. Le silence et le sérieux sont de rigueur, et les services d'ordre veillent à ce qu'aucun intrus ne vienne perturber le bon déroulement des délibérations. Le secteur est encore interdit au public, mais les organisateurs réfléchissent à le rendre visible à l'avenir.