Les défenseurs du Grenelle se sentent trahis

Une phrase de Nicolas Sarkozy, en particulier, passe mal: "Je voudrais dire un mot de toutes ces questions d'environnement. Parce que là aussi, ça commence à bien faire" - même s'il avait préalablement assuré "croire en une agriculture durable". Ces propos, tenus sur le Salon en présence des personnalités du monde agricole, sont vécus comme une trahison des engagements du Grenelle et de la "révolution verte" promise en 2007. "C'est le retour du double langage: on commence par dire qu'on croit à une agriculture durable et quelques secondes plus tard on la démolit. C'est une remise en cause du Grenelle et même une trahison", estime ainsi Lylian Le Goff, expert de la fédération France nature environnement (FNE) pour les questions agricoles et alimentaires.

M. Le Goff - et d'autres - relèvent que ces propos surgissent à huit jours des élections régionales, après une entrevue avec les responsables de la FNSEA, le principal syndicat agricole. "Sarkozy envoie des signaux aux agriculteurs avant les régionales. Mais opposer environnement et agriculture est tout à fait contraire à l'esprit du Grenelle, qui avait justement voulu les réconcilier", juge Arnaud Gossement, du Réseau Environnement et droit.

Les agriculteurs, en graves difficultés financières, vivent mal d'être régulièrement dénoncés comme des pollueurs, notamment dans la prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes. Mais la France a été à plusieurs reprises condamnée par l'Union européenne pour non respect des recommandations sur la qualité des eaux de rivières. Dans la foulée du Grenelle, le ministère de l'Agriculture avait mis en place en 2008 le plan Ecophyto qui vise à réduire de moitié, "si possible", l'usage des pesticides en dix ans. Samedi, l'Elysée a distribué un document stipulant que M. Sarkozy souhaitait un changement de méthode dans la préparation et la mise en oeuvre des mesures environnementales en agriculture "dans le respect du Grenelle de l'Environnement".

Le ministre du développement durable, interrogé dimanche soir sur RTL a voulu calmer le jeu: "Je ne vois pas en quoi c'est un recul. Il y a un problème de paperasse et de modalités qu'il faut revoir", a-t-il déclaré, faisant valoir qu'il "n'y a pas un chef d'Etat qui ait mené depuis deux ans et demi une politique de soutien à mon ministère de manière aussi importante. Il ne nous a jamais lâchés". Mais en l'absence de détails, chacun redoute un enterrement de première classe et tous font valoir que la France est "bien loin derrière d'autres pays européens en matière de progrès environnementaux, en particulier pour l'agriculture biologique", comme le note José Bové, le leader de la confédération paysanne et eurodéputé d'Europe Ecologie.

"Puisque (le président) veut regarder ce qui se passe chez nos voisins, l'Italie fait mieux en termes d'emplois et l'Allemagne fait mieux en termes d'environnement, conserve ses emplois et elle exporte des produits bio, alors que nous, nous importons près de 70% des produits bio que nous consommons", reprend M. Le Goff. Il relève aussi que "ce système productiviste est aussi un tueur d'emplois: il se nourrit en faisant plus avec moins de main-d'oeuvre et on perd chaque année 35.000 exploitations".

Partager
Inscription à notre newsletter

NEWSLETTERS

Newsletters

Soyez informé de toute l'actualité de votre secteur en vous inscrivant gratuitement à nos newsletters

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole