Un déficit de prix et de revenu encore attendu pour cette année

Un déficit de prix et de revenu encore attendu pour cette année

L'abondance fait le malheur des céréaliers et remet en cause
le bilan de santé de la Pac. (© Terre-net Média)
Tous les ingrédients sont réunis pour que la nouvelle campagne 2010-2011 commence dans l’abondance, avec son corollaire, des prix qui ne sont pas au rendez vous. Une conjoncture que l’on retrouverait aussi bien en France, dans l’Union européenne que dans l’ensemble de l’hémisphère Nord après les bons niveaux de production de cet hiver observés globalement dans l’hémisphère sud.

Selon FranceAgriMer (1), le Cic estime que les 221,8 millions d’hectares de blé cultivés dans le Monde produiraient 659 millions de tonnes de grains. Cette nouvelle production alourdirait les stocks qui représenteraient déjà un tiers de la consommation mondiale au début de la prochaine campagne.

En France, même tendance en juin avec des stocks supérieurs à ceux de l’an passé de 900 mille tonnes pour le blé et de 3,5 millions de tonnes pour les quatre principales céréales. La campagne 2010-2011 commencerait ainsi avec un stock de report pour les quatre principales céréales de 10,6 millions de tonnes.

Selon les dernières estimations, la surface de blé emblavée progresse de 200 mille hectares par rapport à 2008-2009. Cette culture resterait plus rentable que celle de l’orge aux cours déprimés et pour laquelle l’intervention dépassera allègrement le million de tonnes.

Outre la bonne récolte de 2009, l’importance des stocks de reports attendus s’explique en France par une diminution de la fabrication d’aliments de 4,9 % sur les sept premiers mois de la campagne actuelle, ce qui se traduit quantitativement par une baisse d’incorporation de céréales de 0,6 million de tonnes. De tels chiffres poussent FranceAgriMer à tirer la sonnette d’alarme en rappelant que l’élevage doit rester dynamique et représenter un débouché important pour les céréales françaises.

A l’export, le second souffle constaté des ventes n’empêchera pas d’afficher de moindres performances pour le blé et l’orge. Le maïs s’en sort mieux pour l’instant mais la concurrence des grains originaires de l’hémisphère sud et le retour à des conditions de navigation normales sur le Danube pourraient réduire les débouchés vers les pays tiers.

Perspectives à 6 mois

En matière de prix, les marchés à termes n’intègrent pas encore ces perspectives. Les derniers rapports de l’Usda et du Cic viennent d’être publiés. A six mois pour le blé et le maïs, il intègre certes ce 11 mars l’importance des stocks à venir pour le début de la prochaine campagne mais surtout, en cette sortie d’hiver, la prime de risque que représentent les incertitudes climatiques (on n’est pas à l’abri d’un accident). C’est cette prime de risque qui maintient les cours des céréales à des niveaux plus élevés que ceux en vigueur sur les marchés physiques actuellement. Tant que les céréales ne sont pas récoltées, tout est encore possible !

Au 1er septembre 2010, la tonne de blé est cotée sur le marché à termes 128,5 euros (Euronext life) et celle de maïs, rendue port de Bayonne, 133 euros (source Agritel).

En février dernier, les prix fermes payés aux producteurs étaient en moyenne selon FranceAgriMer de 103 euros pour le blé, de 80 € pour l’orge de mouture et de 113 € pour le maïs. Par rapport au mois février 2009, les replis portent respectivement sur 24 euros et sur 17 euros pour les deux céréales à paille.

S'attendre à de nouvelles réactions d'agriculteurs

Dans ce contexte, il faut s’attendre d’ores et déjà à ce que les céréaliers, touchés en première ligne par la baisse des aides de près de 80 à 100 euros par ha, interpellent d’ici quelques semaines le gouvernement. Le rééquilibrage des soutiens publics décidée dans le cadre du bilan de santé de la Pac est acceptable si les marchés se redressent durablement pour compenser le manque à gagner. C’était l’hypothèse retenue lorsque Michel Barnier, ancien ministre, a présenté les mesures. Mais il semble en être tout autrement et que les perspectives de revenu soient encore sombres pour la fin de l’année. Et escompter une baisse sensible des charges paraît exclue. Les carburants sont à nouveau orientés à la hausse. Le réajustement monétaire en faveur de l’euro n’est pas favorable pour les importations d’hydrocarbures et la fabrication de produits dérivés (augmentation des coûts de production des engrais).

A souligner aussi l’indice des prix des moyens de production (Insee) encore supérieur de 15 % à son niveau de 2005 le mois dernier alors que celui des prix des produits agricoles converge doucement vers ce même seuil pourtant très bas (les prix étaient alors très faibles). Seuls potentiels bénéficiaires de la faiblesse des cours des céréales : les éleveurs, mais cela reste à vérifier. De toute façon, rien ne remplacera des prix rémunérateurs !

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