Repenser le littoral, mais avec quels moyens et quelle volonté ?

Repenser le littoral, mais avec quels moyens et quelle volonté ?

La tempête a fait de nombreux dégâts en Vendée
et en Charente Maritime  (© DR)
Phénomène mondial et facteur aggravant: la pression humaine croissante sur les côtes. Pour Eric Chaumillon, géophysicien et chercheur à l'université de La Rochelle, « il y a une corrélation évidente entre le nombre d'habitants sur les côtes et les conséquences des catastrophes naturelles ». « Certaines terres agricoles ont été colonisées par les activités touristiques », poursuit-il. « Des champs sont devenus des campings, les campings des chalets et d'un habitat temporaire, on est passé à un habitant permanent ».

Pour l'universitaire, qui dit « adhérer » à l'idée d'abandonner des territoires, il va falloir « limiter le nombre d'arrivants, parce que tout le monde ne peut pas vivre au bord de la mer ». Concernant la prévention des risques, M. Chaumillon estime que le passage de Xynthia, le 28 février, causant 53 décès principalement en Vendée et en Charente-Maritime, démontre « le besoin d'une topographie fine de nos côtes », qui permettrait « de faire un état des lieux du littoral, de ses défenses naturelles et artificielles ».

Les actuels Plans de prévention du risque d'inondation (Ppri) ont été établis « avec des outils dépassés, des données imprécises », affirme-t-il. Mais en collecter de nouvelles demanderait « des moyens », dont les laboratoires universitaires ne disposent pas, ajoute le chercheur. Bien qu'imposer d'abandonner une maison parce qu'elle se situe en zone désormais considérée comme inhabitable soit « un acte violent », Bruno Toison, responsable de la délégation Centre-Atlantique du Conservatoire du littoral juge inévitable que des espaces soient rendus à la nature. « Après l'urgence, il va falloir prendre des décisions en matière d'aménagement du territoire », indique-t-il.

Les défenseurs de l'environnement dénoncent l'urbanisation et la transformation de zones humides en terres agricoles

Alors que les discussions entre l'Etat et les élus des communes sinistrées pour déterminer les zones inconstructibles donnent lieu à de nombreux marchandages, chacun admet qu'il « faut faire quelque chose » mais renvoie la balle aux autres acteurs. « J'accepte qu'il y ait des zones rouges », explique Lionel Quillet, maire de Loix, sur l'île de Ré, mais « il faut que les règles soient les mêmes pour tout le monde ».

Et quand les défenseurs de l'environnement dénoncent l'urbanisation et la transformation de zones humides en terres agricoles, les agriculteurs répondent développement économique. « Pour cultiver du maïs, on fait disparaître des marais, des micro-reliefs, alors quand l'eau monte, elle rentre plus loin dans les terres », affirme ainsi Nicolas Gendre, de Nature environnement 17.

« Ca n'est pas en préservant la faune et la flore que l'on préserve l'homme derrière », rétorque François Avrard, responsable de la FNSEA-17. Pour lui, « remettre ces terres en zones humides (provoquerait) des pertes économiques ».

Finalement, « le problème est probablement moins la création d'instruments juridiques que la volonté politique de leur application, l'enjeu n'étant plus de lutter contre la nature mais d'apprendre à composer avec elle et avec ses rythmes plus ou moins aléatoires », conclut Maurice Goze, directeur de l'Institut d'aménagement, de tourisme et d'urbanisme à l'université Bordeaux 3.

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