 Le Gers est aussi une zone de grandes cultures de ma¨s et anti-Ogm. (© Terre-net Média) |
« On pourrait passer en un an de 14.000 à 20.000 hectares, soit près de 5 % de la surface (moins de 3 % au niveau national) ». La douceur du climat et la biodiversité n'ont pas attiré que les agriculteurs bio, mais aussi les adeptes du tourisme vert, charmés par l'harmonie de ces collines et par l'accueil, au point que le cinéaste Etienne Chatiliez y a situé en 1995 « Le Bonheur est dans le pré... », ode à la rupture avec les tracas de la vie industrielle. « C'est devenu un levier de communication, et même quinze ans après, à chaque rediffusion télévisée, on remarque un frémissement de la demande », s'amuse José-Louis Pereira, directeur du comité départemental du tourisme (Cdt).
Agriculture et tourisme au coer du développement
Toutes les brochures déclinent le thème du bonheur: « Gers, cœur de Gascogne et du Sud-ouest », « Gers, le complice des jours heureux », sont même devenus des « marques déposées », dit M. Pereira. Avec seulement 57.000 lits, le département ne pratique pas le tourisme de masse mais attire quand même 890.000 touristes par an, dont 15 % d'étrangers. Les étrangers possèdent 20 % des 6.500 résidences secondaires du département, les Anglais venant loin devant les Néerlandais, les Belges et les Allemands. Le responsable du Cdt leur présente sa « Gascogne » comme la « Toscane française », havre de « sérénité sans ennui, de convivialité et de bonne table ». Il mise beaucoup sur les événements de l'été, tel le festival « Jazz in Marciac » : « C'est l'anti bling-bling, et le trompettiste Wynton Marsalis, fidèle entre tous, est notre meilleur ambassadeur ».
Philippe Martin (PS), président du conseil général depuis 1998, voit dans ces approches du tourisme et de l'agriculture les deux piliers de sa politique de « développement durable ». « Nous avons vite compris qu'à l'écart de l'industrie de la montagne et de la mer, notre atout est l'équilibre des paysages et de la qualité de vie, c'est ici qu'on vit le plus longtemps en France », explique-t-il.
Le Gers n'est pourtant pas qu'un « village enchanté ». Si le département a été pionnier de la lutte anti-Ogm en votant une délibération d'opposition aux essais en plein champ en juin 2004, c'est précisément parce que le département est aussi une zone de grande culture de maïs. « On s'est aperçu qu'on était en train de devenir le laboratoire en plein champ de Monsanto et Pioneer (géants multinationaux de produits pour l'agriculture). On ne pouvait laisser planer cette menace, on a même préparé un moment un référendum d'initiative populaire », assure-t-il.
Après des années de combat juridique contre le gouvernement, le Conseil d'Etat a reconnu au Gers en décembre 2009 le droit de s'exprimer. « On se réserve le droit de relancer la bataille si le moratoire sur les Ogm était remis en cause, pour défendre nos filières de qualité », dit M. Martin.
