Bes 77 transforme le miscanthus en paillis horticole et litière

Bes 77 transforme le miscanthus en paillis horticole et litière


Bes 77 : « Nous avons calculé notre seuil de
rentabilité à 13 tMS/ha par an sur quinze ans,
pour un prix de vente de 80 €/t
. » (© DR)

Sept agriculteurs de Seine-et-Marne, producteurs de grandes cultures à la recherche de diversification, ont monté une association en 2007, en vue de valoriser leur toute nouvelle production de miscanthus. Après une étude des potentiels agricoles et industriels, des besoins de leur région, et observant depuis longtemps le développement de la culture du miscanthus, ces agriculteurs ont d’abord souhaité participer à l’approvisionnement de la filière agromatériaux.

Patrick Billard, un des membres fondateurs de l’association explique avoir « fait des recherches sur internet pour trouver des producteurs de miscanthus qui valorisent leur production dans le bâtiment. Nous avons ainsi rencontré des producteurs en Suisse, en Allemagne. » Cependant, le manque de volonté d’implication des industriels contactés et les difficultés réglementaires les ont contraints à changer de voie.

Un fort pouvoir absorbant très apprécié des marchands de paille


La fauche annuelle, avec une ensileuse à maïs, se fait à la fin de
l’hiver quand la plante affiche un taux d’humidité inférieur à 20 %.
La récolte 2010 représente 800 t de paille à commercialiser. (© DR)

En 2009, ils créent une Sas pour commercialiser du paillis horticole et de la litière pour animaux. Aujourd’hui, l’association compte 24 producteurs de miscanthus, dont quinze nouveaux planteurs, pour 205 hectares de surfaces. En moyenne, le miscanthus occupe 2 à 3 % des assolements. Bes 77, pour Biomasse environnement systèmes, a créé deux emplois en manutention, emploie six contrats saisonniers, recherche un commercial et « a permis de recréer un maillage territorial ».


Patrick Billard : « En 2011, selon le
développement de nos débouchés, nous
déciderons si nous pouvons étendre
les surfaces
. » (© Terre-net Média)

L’association a développé trois marques : Hortimis, paillis horticole pour le paillage des cultures, Litabox, litière dépoussiérée pour chevaux, et Domibox pour les Nac (nouveaux animaux de compagnie). Les deux tiers de la production s’écoulent actuellement dans la filière horticole, et le tiers restant en litière équine. « Le miscanthus, grâce à son fort pouvoir absorbant, réduit de trois fois le volume de fumier par rapport à la paille traditionnelle. » Trois fois moins de fumier produit et épandage local aux champs. Le marchand de paille y trouve son compte vu les fermetures des champignonnières angevines, traditionnel débouché. « Avant le fumier partait en camions à Angers. Quelle économie de transport et donc d’émissions de gaz à effet de serre ! »

Un contrat signé pour dix ans

Le choix de ces débouchés a nécessité le développement d’un outil spécifique de conditionnement. « Nous avons adapté un matériel de tri et de conditionnement de pétales de roses. Le miscanthus présente, en effet, une densité très faible, de l’ordre de 130 kg/m3. » Bes 77 a répondu à un appel d’offre en thermie, par souci de développement et de diversité de ses marchés, mais la thermie manque encore de rentabilité. Chaque planteur obtient la même rémunération : 60 €/tMS assurés à la récolte, avec l’objectif d’atteindre 80 €/tMS à la commercialisation. « Le contrat, signé pour dix ans, décrit un produit sain, loyal, exempt de corps étranger et d’une humidité inférieure à 20 % », précise Patrick Billard. L’association demande une cotisation de 50 € par an à chaque adhérent.

La communauté de communes de Moret Seine-et-Loing va aider le groupe à hauteur de 50 % des investissements futurs en recherche et développement. Le conseil régional apporte une aide dans le cadre du plan biomasse 2. « Nous bénéficions également des aides nationales à la restructuration de la filière sucre qui ont couvert 40 % des coûts d’implantation en 2009 et 2010. »

Pas de production en première année


« Nous faisons appel à six contrats saisonniers pour l’opération
qui demande une intervention manuelle, vu les irrégularités
présentées par les rhizomes qui rendent impossibles de manière
mécanique l’obtention d’une implantation homogène.
» (© DR)

Le coût de plantation justement s’élève à 3.000 euros par hectare maintenant que l’association s’en charge, contre 3.500 €/ha au début en prestation de service. Une parcelle dédiée, récoltée tous les quatre ans, fournit les rhizomes. « Nous avons développé une machine combinant une vieille planteuse à pommes de terre et un semoir à maïs. » L’objectif optimal de peuplement s’élève à 10.000 pieds par hectare. Sachant que 20 % des rhizomes meurent ou ne produisent pas la première année, les planteurs se fixent comme densité de peuplement entre 17 et 18.000 rhizomes par hectare.

Le miscanthus, culture pérenne, permet de stabiliser des terrains comme les remblais de sablière. « En première année, nous avons testé le miscanthus sur des terroirs variés tous auparavant en jachères. L’expérience montre que la culture a besoin d’une certaine réserve utile. Le stress hydrique peut s’avérer le facteur le plus pénalisant pour le rendement mais le cahier des charges interdit toute irrigation. »

Les molécules herbicides du maïs autorisées sur miscanthus


Les ravageurs apprécient la tendresse des
jeunes pousses. (© Terre-net Média)

Au bout de deux ans, un rhizome couvre déjà 1,20 mètre sur quinze à vingt centimètres d’épaisseurs. « Nous plantons la variété sinensis Giganteus, stérile donc non invasive. Pour la détruire, il suffit de retourner la terre pour faire remonter les rhizomes en surface. »

En théorie, le rendement atteint quinze à vingt tonnes de matière sèche par hectare sans intrant. « Pour l’instant, jusqu’à 15 tMS/ha, nos miscanthus n’ont pas besoin d’apports de matières fertilisantes. Pour dépasser ce niveau de rendement, il faudra probablement apporter de la potasse et du phosphore. » En moyenne, les parcelles en première récolte ont donné 7 tMS/ha. Celles en deuxième récolte atteignent un rendement moyen de 10 tMS/ha.

Les problèmes de ravageurs, sans solution à ce jour, apparaissent avec les jeunes pousses et les premières feuilles dont les taupins, les lapins et les lièvres sont friands. Une fois la plante plus développée et les tiges plus ligneuses, le problème disparaît. Depuis un an, le miscanthus peut profiter des molécules herbicides autorisées sur maïs.


Patrick Billard (© Terre-net Média)
Le miscanthus, une culture de rente ?
« A l’approche de la retraite, certains agriculteurs s’interrogent sur l’opportunité de retourner leurs 300 hectares de terres pour y planter du miscanthus. Occupées pour quinze ans, les terres ne demandent plus que l’intervention d’un prestataire pour la récolte annuelle et la commercialisation. Bien loin de l’idée première de diversification… »
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